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Soudan: à El Fasher, capitale du Darfour Nord, la population désemparée face à l’insécurité

Au Soudan, le Darfour toujours en proie à l’instabilité. El Geneina, capitale du Darfour Ouest, est encerclée par des tribus arabes depuis deux semaines. Elles demandent la démission du gouverneur alors que la situation humanitaire devient préoccupante en ville. Dans le même temps, trois civils ont été tués jeudi au Darfour Nord. Une insécurité grandissante qui préoccupe toute la province.

Avec notre envoyé spécial à El Fasher, Sébastien Németh

Au Darfour, beaucoup font coïncider la montée de la violence, avec la fin du mandat, il y a cinq semaines, de la mission onusienne Minuad. Dans sa tunique blanche traditionnelle, Daher fustige le gouvernement.

« C’était vraiment le mauvais moment pour retirer ces casques bleus. Les démunis n’ont plus de protection. Les déplacés ne peuvent pas rentrer chez eux. On a eu un génocide au Rwanda, et on va en avoir un au Darfour, vous verrez. Le gouvernement ne peut pas assurer la sécurité lui-même. Il a trop de conflits internes. »

► Lire aussi : Soudan: le départ de la force Minuad du Darfour suscite l’inquiétude

Au souk Al-Mawashi, les éleveurs vendent des chameaux, des chèvres ou encore des vaches. Aden Hissein Bilal lui possède des moutons. Il regrette que la paix signée en octobre avec plusieurs groupes rebelles n’ait pas été suivie d’effets.

« La paix n’existe que sur le papier. Moi j’ai déjà été attaqué. Des hommes armés sont arrivés et ont pris les animaux. Certaines personnes qui voyageaient avec moi ont été tuées. Dans les villes, les militaires peuvent vous protéger. Mais à l’intérieur du pays, si vous demandez de l’aide, personne ne viendra. »

Une insécurité qui impacte gravement une économie darfourie déjà plombée par l’inflation. Au marché central d’El Fasher, Zeinab Amin vend des légumes depuis 30 ans. Selon elle, les violences ne font qu’aggraver la flambée des prix.

« Les employés qui travaillaient dans les champs ont fui vers les camps de déplacés. Donc la production est plus faible, et les prix montent. Quand il y a des violences dans les zones de production, ça peut aussi entraîner des pénuries. »

La Minuad devait être remplacée par une force gouvernementale de 12 000 hommes. Un contingent qui pour l’instant n’existe que sur le papier.

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