Comment sécuriser la province du Cabo Delgado au Mozambique ? Voilà l’objet des grandes manoeuvres diplomatiques menées actuellement par Maputo. La province recèle d’importantes réserves gazières vitales pour l’économie du pays. Le Français Total y pilote un projet de 20 milliards de dollars réunissant un consortium international.
Depuis 2017, des rebelles islamistes attaquent le nord du Mozambique. Ils se sont dangereusement rapprochés des installations d’une vaste unité de liquéfaction de gaz en construction. Jusqu’à présent, l’armée mozambicaine s’est révélée incapable d’enrayer la progression des insurgés islamistes et, début janvier, Total a dû évacuer son personnel du site d’Afungi menacé par les incursions.
Ainsi, depuis le début du mois de janvier, une certitude s’est ancrée dans les esprits. Sans aide, l’État mozambicain ne parviendra pas à sécuriser l’énorme projet gazier piloté par Total dans la province du Cabo Delgado, sous la menace du groupe des Shebabs affilié à l’État islamique. Ce projet, stratégique pour le Mozambique, l’est tout autant pour Total et pour l’Europe qui cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement en gaz. Lundi, le président mozambicain, Filipe Nyusi, recevait le PDG de Total, Patrick Pouyanné pour l’assurer que tout sera mis en oeuvre pour sécuriser la zone.
Le ministre portugais des Affaires étrangères, dont le pays a pris la présidence tournante de l’Europe, est à Maputo pour deux jours afin d’examiner la façon d’aider le Mozambique.
La France de son côté propose déjà de former les militaires locaux, comme l’expliquait le 12 janvier à l’Assemblée nationale française, Florence Parly, la ministre des Armées : « Nous sommes en train de voir comment nous pouvons appuyer par de l’entrainement ou de la formation ces forces armées. Nous souhaitons pouvoir le faire avec nos partenaires européens. Et nous disposons des forces positionnées dans le sud de l’océan Indien, à La Réunion et à Mayotte pour pouvoir y contribuer, le cas échéant. »
Les soutiens se multiplient envers le Mozambique. Après ceux des États-Unis et de l’Afrique du Sud, le président Felipe Nyusi a reçu l’appui de son voisin Tanzanien. Les deux pays qui se sont longtemps disputés sur leurs responsabilités respectives dans la montée du terrorisme régional, mènent depuis novembre dernier des opérations de police conjointes deux deux côtés de leur frontière.