Des centaines de milliers de personnes pourraient avoir été déplacées selon l’ONU dans la région du Tigré, en Éthiopie. Près de 50 000 personnes ont déjà fui les combats au Soudan. Les réfugiés arrivent toujours, une centaine par jour. Dans le camp d’el-Hashaba, les derniers arrivants racontent que des combats se poursuivent dans l’Ouest du Tigré.
Avec notre envoyé spécial dans le camp d’el-Hashaba, Eliott Brachet
Chargé de matelas, de casseroles, de jerricans, un tracteur vient d’arriver dans le camp. Hagos débarque avec sa famille. « Il y a des affrontements en ce moment à Barakat. Des fusillades. Et des morts sur les routes. Il y a des hommes armés, soldats, miliciens, je ne sais pas, décrit-il. On a eu peur. On est parti le soir et on a roulé de nuit avec le tracteur. Si tu ne pars pas, tu es mort ».
« J’ai réussi à briser les liens et à m’enfuir »
Le récit de ce fermier rejoint celui de plusieurs témoins qui ont entendu des tirs de l’autre côté de la frontière. Un homme enturbanné se tient près du tracteur. Hailemariam Kindeya a les bras lacérés : « J’étais assis avec mes amis. Des hommes sont arrivés, ils ont prétendu vouloir passer un coup de fil. Mais ils nous ont encerclé puis ils nous ont frappés. Ils m’ont ligoté, les mains dans le dos. J’ai réussi à briser les liens et à m’enfuir. »
Dans ce groupe d’une quinzaine de réfugiés, Tesfay Gerezgiher assure que des miliciens Amharas multiplient les arrestations au Tigré : « À Maï-Kadra, il y a une usine dans laquelle tous les jeunes Tigréens sont emprisonnés. Ils n’ont pas d’eau, de nourriture ni aucun soin médical. Ils viennent de toute la région de Humera. En tout, il y a 7 500 personnes détenues dans cet endroit. »
Impossible de vérifier ces allégations, car la région voisine reste quasi-inaccessible. Les communications ont toutefois été rétablies dans la capitale du Tigré, Mekele, et quelques camions chargés d’aide humanitaire ont enfin pu accéder au terrain.