Les communications ont été rétablies dans la capitale du Tigré, Mekele, et plusieurs autres villes de la région. Mais de nombreuses zones restent encore coupées du monde, s’alarment les organisations internationales. La visite du Premier Ministre soudanais Abdallah Hamdok ce dimanche à Addis Abeba a été écourtée sans explication. Une médiation inutile pour le gouvernement éthiopien, qui maintient que les évènements au Tigré sont une affaire interne. Près de 50 000 personnes ont fui ces dernières semaines au Soudan voisin. Les réfugiés continuent de traverser la frontière mais leur nombre a diminué. Ils racontent les nombreux obstacles rencontrés sur les routes.
Avec notre envoyé spécial à la frontière étiophienne, Eliott Brachet
Sous un soleil de plomb, une quinzaine d’hommes se fraient un chemin à travers la broussaille. Pour arriver au Soudan, ils ont emprunté une nouvelle route plus dangereuse qui passe par l’Érythrée. Abraham Beyere, est venue de Shiraro à pied. Un périple de deux semaines.
« Quand je suis passé à côté de la ville de Shire, raocnte-t-il, j’ai été arrêté par des soldats de l’armée érythréenne. Ils m’ont dépouillé, ils ont même pris ma ceinture et mes chaussures. Puis ont fini par me laisser partir. »
Abraham assure que des soldats érythréens étaient bien présents au Tigré. De son côté, Asmara nie toute implication dans le conflit. Pour Abraham, les embûches se sont multipliées sur la route.
La peur des miliciens Amharas
« Il y a cinq jours, je suis tombé sur des miliciens, les Fanno, poursuit-il. Ils m’ont ligoté, les mains dans le dos. Ils m’ont gardé prisonnier deux jours. J’ai ensuite traversé la rivière, pensant arriver au Soudan mais j’avais mis les pieds en Erythrée. J’ai pris un chemin détourné car il fallait que je me cache des milices Amharas qui sont partout et pourchassent les Tigréens. »
Impossible de vérifier avec précision ces informations puisque le Tigré est toujours verrouillé par les autorités éthiopiennes. Addis Abeba assure que les combats ont cessé, mais les témoignages des derniers réfugiés indiquent tous le contraire.