En République démocratique du Congo, les autorités tentent de diversifier une économie encore fragile, qui dépend essentiellement du secteur minier. Pour ce faire, elles ont décidé de créer six zones économiques spéciales. Le Premier ministre congolais, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, a lancé le 4 novembre dernier la première « zone économique spéciale » pilote du pays, dans la banlieue de la capitale Kinshasa. Une initiative pour séduire les investisseurs étrangers, car ces zones géographiques sont couvertes d’une fiscalité avantageuse.
À la sortie de l’aéroport international de N’djili, il faut encore parcourir des dizaines de kilomètres pour atteindre la zone pilote de Maluku. Le chantier n’est qu’au début. Alexis Ndengue, de la firme STRATEGOS, recrutée par la Banque mondiale pour gérer le site. « La première phase sera de viabiliser le site. Quand ce sera fait on commencera les constructions des entrepôts, la mise à disposition des espaces aux entreprises. À ce jour, on a déjà de nombreuses entreprises qui sont intéressées à venir s’installer dans la zone économique, essentiellement des entreprises industrielles mais aussi des entreprises de services… les choses sont déjà en marche. »
Seules les entreprises minières et les banques ne sont pas les bienvenues dans ces espaces expropriés par l’État. Julien Paluku, le ministre de l’Industrie, se veut rassurant quant aux avantages. « Tout entrepreneur qui s’installera dans la zone est exonéré de toutes les taxes pour une durée de 5 ans, renouvelable une fois. Celui qui aménage la zone est exonéré pour 10 ans, renouvelable une fois. Et à la fin de la période, il commence à payer seulement 50 % des droits et taxes dus à l’État. Cela va permettre à ce que le pays soit un grand exportateur. Surtout que nous allons entrer dans la zone de libre-échange continental africain. Si nous ne le faisons pas, nous allons être le déversoir de tous les produits africains. Mais avec l’expérience des ZES, c’est nous qui allons inonder le marché africain avec près d’un milliard de consommateurs. Dans dix ans, nous deviendrons parmi les pays exportateurs, à l’instar de la Chine qui vend ses produits moins chers alors que c’est la même qualité que celle qui est produite en Europe. »
Cette zone pilote « ne restera jamais un vœux pieu », tente de rassurer Marcelin Bilomba, le conseiller du président Tshisekedi au collège économique. Des grands investisseurs auraient déjà souscrits au projet. « La première firme, ce serait pour le montage des camions « trucks » montés ici et la deuxième firme ce serait pour le montage des hélicoptères. »
À côté de ces assurances, il y a aussi des défis liés à l’électricité et la main d’œuvre qualifiée, ce qui inquiète Noël Tshiani, ancien haut fonctionnaire de la Banque mondiale. « L’idée est excellente, cependant pour réussir il y a un certain nombre de préalables. La disponibilité de l’eau, de l’électricité et les services de télécoms, les routes mais aussi la disponibilité qui font partie du fonctionnement normal d’un pays tel que la justice de qualité, la main d’œuvre qualifiée mais aussi un climat de paix et de sécurité parce que les investissements étrangers n’aiment pas les bruits de bottes. »
En ce qui concerne l’électricité, le défi est majeur quand déjà, la société nationale d’électricité peine à satisfaire les industries minières concentrées dans le Katanga.