Le 28 octobre, 29 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes en Tanzanie pour des élections présidentielle, législatives et locales. Le président John Magufuli est candidat à un second mandat de cinq ans. Alors que les résultats ont commencé à être donnés par la commission électorale ce jeudi, l’opposition a affirmé qu’elle ne les reconnaîtrait pas.
Avec notre correspondant dans la région, Sébastien Nemeth
« Cette élection est une arnaque complète », a déclaré Tundu Lissu. L’opposant, chef du parti ACT-Wazalendo et candidat à la présidentielle tanzanienne, a dénoncé « une fraude sans précédent dans l’histoire tanzanienne », parlant de violations multiples du code électoral.
Tundu Lissu a expliqué que ses observateurs avaient été empêchés d’accéder à des milliers de bureaux de vote, d’autres ont été autorisés mais six heures après le début de l’élection. « Le bourrage d’urnes avait déjà eu lieu », a-t-il déclaré, ajoutant que beaucoup d’agents n’avaient jamais reçu les procès-verbaux du vote.
« Accusations sans fondement »
Pour Tundu Lissu, « la volonté des Tanzaniens a été bafouée », « les résultats sont donc déjà illégitimes » et de ce fait, « l’opposition ne les reconnaîtra pas ». Il a d’ailleurs demandé à la communauté internationale de ne pas non plus reconnaître les résultats et de faire pression sur le gouvernement, la Commission électorale et les chefs des services de sécurité.
L’opposition a enfin appelé les citoyens « à prendre ce problème entre leurs mains à travers des actions et des manifestations massives et démocratiques ». Son avocat, Robert Amsterdam a lui annoncé avoir documenté ces fraudes et déposé des dossiers auprès de l’Union africaine (UA) et de l’organisation du Commonwealth.
Dans le territoire semi-autonome de Zanzibar, qui a voté mardi 27 octobre, le candidat d’opposition Maalim Seif Sharif Hamad a lui aussi appelé ce matin à des manifestations pacifiques. Mais selon son parti ACT, il aurait été arrêté peu après, avec son vice-président et des membres du comité central du mouvement.
Les fraudes ont déjà été démenties par la Commission électorale (NEC). Le président de l’institution, Semistocles Kaijage, a estimé que ces allégations n’étaient pas étayées. Il a donc demandé aux Tanzaniens d’ignorer ces « accusations sans fondement ».