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Analyse

Fergus Kell: «La surprise de la présidentielle tanzanienne pourrait venir de Zanzibar»

Les Tanzaniens se rendent aux urnes ce mercredi 28 octobre pour élire leur président, leurs députés et leurs conseillers locaux, dans un contexte socio-politique détérioré par les velléités de l’autoritarisme de l’administration sortante. Le quinquennat du président John Magufuli, marqué par la répression des opposants d’une part, et la gestion chaotique de la pandémie du Covid-19 d’autre part, a mis à mal la démocratie tanzanienne, selon Fergus Kell, spécialiste du pays et chercheur auprès du think tank Chatham House, basée à Londres. Entretien.

 
RFI : Quels sont les principaux protagonistes des élections qui se tiennent en Tanzanie ce mercredi ? Fergus Kell : La Commission électorale de Tanzanie a autorisé cette année en tout quinze candidats à se présenter au scrutin présidentiel qui se tient ce mercredi en même temps que les élections parlementaires. Parmi ceux-ci figure le président sortant John Magufuli, au pouvoir depuis 2015, qui brigue un second mandat. Il représente le parti Chama Cha Mapinduzi (CCM, parti de la Révolution), au pouvoir en Tanzanie depuis l’indépendance en 1961. Malgré sa longévité exceptionnelle à la tête du pays, le CCM est en perte de vitesse avec sa part de votes populaires passée de presque 80% à la présidentielle de 1980 à 68% en 2010 et à 58% en 2015, l’année de l’élection du chef de l’État sortant. Les militants du CCM vivent très mal ce desserrement de la mainmise de leur formation sur le pouvoir, alors que les partis de l’opposition sont en train de renforcer leurs positions au sein de l’establishment. La répression de l’opposition et des libertés, qui a marqué le premier mandat, de Magufuli traduit à mon avis le souci du CCM de regagner sa prééminence d’antan dans la vie politique. Qui sont les autres candidats ? La présidentielle tanzanienne cette année est une course à deux. Le principal challenger de John Magufuli est Tundu Lissu, le leader du parti d’opposition Chadema. Homme politique charismatique, Lissu est rentré au pays après trois années d’exil en Belgique où il s’était enfui suite à une tentative d’assassinat politiquement motivée. Blessé par 16 balles, l’homme a dû subir plusieurs opérations chirurgicales et s’astreindre à une longue convalescence à l’étranger. La candidature de cet opposant est soutenue par le très populaire parti ACT-Wazalendo. En retour, le Chadema de Lissu soutient le candidat de l’ACT dans la course présidentielle à l’archipel de Zanzibar. Rappelons que cet archipel composé des îles de Zanzibar et Pemba a fusionné avec la Tanzanie en 1964, tout en jouissant d’un statut autonome, avec ses propres président, gouvernement et parlement. Quant au reste des prétendants, la plupart seraient, selon des sources informées, des candidats artificiels, mis en place par le pouvoir pour semer la zizanie au sein de l’opposition.
Une affiche du président tanzanien John Joseph Magufuli sur le mur de 24 kilomètres construit autour de la mine de tanzanite de Merelani, près du mont Kilimandjaro, le 11 avril 2018.
Une affiche du président tanzanien John Joseph Magufuli sur le mur de 24 kilomètres construit autour de la mine de t...   

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