Tous les regards se sont tournés vers la ville rurale de Senekal vendredi 16 octobre, à 300 kilomètres au sud de Johannesbourg, alors que deux suspects comparaissaient à nouveau pour le meurtre d’un fermier blanc. Brendin Horner, 22 ans, a été retrouvé étranglé au début du mois, attaché à un poteau. Son meurtre a déclenché des manifestations d’agriculteurs blancs, et ravivé les tensions raciales dans le pays, rappelant que les cicatrices de l’apartheid sont loin d’être refermées
Avec notre correspondante à Johannesbourg, Claire Bargelès
Les deux suspects, deux hommes noirs de 32 et 44 ans qui comptent déjà plusieurs arrestations, ont plaidé non coupable devant les magistrats.
Mais c’est surtout à l’extérieur du tribunal que les tensions ont été exacerbées.
Deux camps se sont fait face : d’un côté, des groupes de défense des fermiers blancs, qui accusent le gouvernement de ne pas suffisamment les protéger, et de l’autre, les Combattants pour la liberté économique (EFF), le Parti de gauche radicale de Julius Malema, en colère contre le monopole des richesses et des terres par la minorité blanche. Un important déploiement des forces de l’ordre a permis d’éviter les débordements.
Le sujet est très sensible dans le pays, et le président Cyril Ramaphosa avait d’ailleurs appelé au calme, craignant de voir se rallumer « le brasier de la haine raciale ».
Si une cinquantaine de fermiers ont été tués depuis 2019 selon la police, et que la sécurité en zone rurale est un problème auquel les autorités promettent de remédier, ces violences ne représente qu’une infime portion des quelques 20 000 meurtres commis chaque année, dans un pays victime de sa très forte criminalité.