Avec un revenu par habitant qui passe de 870 dollars à 1 250, le Bénin se retrouve depuis le 1er juillet dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire comme le Maroc, la Côte d’Ivoire, le Sénégal. Il était jusqu’ici considéré comme un pays à revenu faible. C’est un classement de la Banque mondiale. Une performance historique rappelée par Patrice Talon vendredi, lors de son discours du 60e anniversaire de l’indépendance du Bénin. Un nouveau statut qui suscite des attentes fortes chez les syndicats et les associations de consommateurs.
Le Bénin, pays à revenu intermédiaire depuis le 1er juillet, cela n’est jamais arrivé et dans son discours pour la fête de l’indépendance, vendredi dernier, Patrice Talon a insisté sur cette performance. C’est pour lui le résultat de ses réformes pilotées avec rigueur :
« Cette rigueur a permis à notre pays de sortir de la liste des 25 pays les plus pauvres de la planète pour intégrer le groupe des pays à revenu intermédiaire. Notre pays trace désormais son parcours vers le développement. »
Le Secrétaire général des syndicats autonomes, Anselme Amoussou ne remet pas en cause le nouveau statut du Bénin. Ça vient de la banque mondiale, c’est crédible. En revanche, il fait remarquer que les bons chiffres macro-économiques n’apportent pas toujours un mieux-être dans la vie des travailleurs :
« Depuis plus de 4 ans on nous a annoncé de très bons taux de croissance également et pourtant il n’y a eu aucune augmentation de salaires. Nous vivons toujours aussi difficilement, mais on peut garder l’espoir et rappeler au gouvernement de penser à ceux qui subissent les réformes et qui sont les véritables producteurs de cette richesse soudaine. »
L’attente est aussi forte, côté association des consommateurs, Robin Accrombessi, Président de l’association « La voix des consommateurs » :
« Désormais il y en a suffisamment dans la marmite pour que tous les consommateurs puissent vivre décemment. C’est l’occasion pour nous de renégocier le pacte social avec le gouvernement. »
Beaucoup ont pensé que ce changement de catégorie fermait la porte aux financements, un peu comme si le pays était désormais gavé et n’en a plus besoin ? Ce n’est pas du tout un handicap, au contraire, explique le ministre des finances, Romuald Wadagni :
« Nous allons non seulement continuer à avoir accès aux financements concessionnels, mais nous allons pouvoir augmenter le volume de ces financements déjà disponibles et accélérer le travail pour la prospérité de l’ensemble des populations. »
L’économiste béninois Albert Honlonkou prévient : « Quand on change de catégorie, il faut pouvoir se maintenir, parce-que la même banque mondiale peut toujours vous dégrader, c’est arrivé à l’Algérie, l’année dernière ! »