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SANTE

Coronavirus: le Mali continue de se préparer

Le Mali compte dix morts du Covid-19. À Bamako, les gens portent de plus en plus le masque, et il devrait se généraliser prochainement, selon le professeur Daouda Minta, référent national. Entretien.

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Daouda Minta est professeur titulaire des maladies infectieuses cliniques et biologistes à Bamako. C’est le référent du Covid-19 pour le Mali.

Mardi 14 avril, il était invité dans l’émission Priorité santé, sur RFI.

► À lire aussi : Face au coronavirus, le Mali a développé un «plan robuste» qui s’inspire de la France

RFI : Où en est votre pays ? Combien avez-vous recensé de patients Covid-19 ?

Daouda Minta : À la date du 13 avril, on recensait 123 cas au Mali, dont 10 décès. Le 25 mars, le Mali déclarait officiellement l’épidémie de Covid-19, à partir de deux cas importés. Sur le plan épidémiologique, les premiers cas étaient des cas importés, à travers nos compatriotes. Ensuite, nous avons reçu une catégorie de patients constituée de mosaïque de cas autochtones et probablement de cas contacts non identifiés. Aujourd’hui, se pose la question au niveau communautaire. Vu l’insuffisance du suivi des contacts, l’insuffisance de l’auto confinement et des causes inexpliquées, il faut penser à une possibilité de poche, de cluster, qui peut donner une nouvelle tendance explosive à l’épidémie.

Est-ce que ces cas sont concentrés sur la capitale, Bamako, ou y a-t-il plusieurs foyers identifiés ?

Majoritairement, ces cas se situent à Bamako, mais aujourd’hui, il y a des cas décrits, rapportés, dans la première région à Kayes. Il y a aussi quelques cas dans le centre du Mali, dans la région de Mopti.

Les pays optent pour différentes stratégies. Que faites-vous quand une personne est testée positive au Covid-19 et qu’elle présente des signes cliniques bénins ?

Dans la grande majorité des cas, les patients présentent une symptomatologie mineure. Pour le moment, nous n’avons pas commencé à trier en suivant en ville les cas mineurs et les cas compliqués en milieu hospitalier. Tous sont suivis dans les centres de prise en charge.

Quel traitement est aujourd’hui privilégié au Mali ?

Comme au Sénégal, nous privilégions l’association de l’hydroxychloroquine et d’azithromycine. Ce traitement est donné de manière systématique, pas seulement aux cas jugés sévères.

Quelles mesures préventives ont été prises au Mali ?

Il existe une campagne de sensibilisation sur les mesures barrières. Il s‘agit de se laver régulièrement les mains, éternuer dans le coude, les mouchoirs doivent être jetés après utilisation, éviter les aliments mal cuits (œufs, viande…), ne pas trop se rapprocher des animaux domestiques et privilégier le port du masque. Bientôt, ce dernier sera généralisé. À Bamako, aujourd’hui, la majorité des gens dans la rue portent des masques chirurgicaux ou artisanaux.

Lits de réanimation, nombre de respirateurs, inégalités géographiques… Est-ce que les autorités sanitaires du Mali se posent aujourd’hui la question des besoins matériels ? On recenserait une quarantaine de lits de réanimation pour l’ensemble du pays…

Les autorités se posent cette question. Elles font des projections. De nouveaux centres vont bientôt être ouverts, équipés en matériel de réanimation pour éventuellement des cas compliqués. Ces mesures sont déjà prises pour les sites déjà en fonctionnement.

On a bien vu de l’Italie à l’Espagne, la France aux États-Unis à quel point l’anticipation est essentielle face à cette pandémie. Est-ce qu’il y a, dans votre pays, un inventaire des moyens, des soignants pour se préparer ?

Il y a un inventaire. On prépare les jeunes médecins, les médecins actifs, les médecins bénévoles. Face à cette situation, c’est une question de solidarité nationale et le corps médical, dans son ensemble, reste disponible, mobilisable au besoin. Il faut aller à la formation à grande échelle pour que tous soient disponibles, en termes de ressources humaines.

Est-ce que ces soignants ont vraiment le matériel pour se protéger ?

Nous n’avons pas encore atteint le pic de l’épidémie. Au niveau des structures, aussi bien dans la capitale qu’à l’intérieur du pays, le matériel est disponible. Pour le moment, nous ne sommes pas débordés. De plus en plus de matériel est en train d’arriver : l’État en achète, nous recevons aussi des dons… Donc oui, nous avons le matériel nécessaire pour la protection des soignants, pour l’instant.

Concernant la formation des soignants, en termes de reconnaissance des symptômes mais aussi de protection pour eux-mêmes et leurs familles quand ils rentrent à la maison, est-ce que le message est bien passé ?

Le message est bien passé, car les soignants rentrent chez eux. Les mesures d’hygiène sont bien respectées. Le risque de contagion du personnel médical, ce sont les patients qui vont venir avec un tableau atypique qui, en cours du diagnostic, peuvent contaminer les soignants. On peut admettre un patient venu pour d’autres symptômes, qui ne sont pas classiquement reconnus comme fil conducteur vers le Covid-19. Cela peut entrainer une explosion au niveau des hospitalisations ou au niveau des contaminations du personnel soignant. C’est très important.

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