Plusieurs centaines de soldats éthiopiens sont entrés samedi et dimanche 22 mars en Somalie, dans une région frontalière avec le Kenya, une zone où la tension est vive depuis plusieurs semaines.
De notre correspondant à Nairobi,
Le pouvoir central somalien est engagé dans un bras de fer avec la région fédérale du Jubaland. Les soldats des deux camps se sont déjà affrontés et l’arrivée des troupes éthiopiennes n’a rien de rassurant.
Aucune information n’est venue d’Addis-Abeba pour expliquer ce déploiement de forces. Des centaines de soldats des Forces de défense nationale éthiopienne (ENDF) se sont installés dans la région somalienne de Gedo qui appartient au Jubaland, un des États fédérés du pays.
C’est là que les troupes du président somalien Farmajo avaient affronté, début mars, celles d’Ahmed Madobe, le leader du Jubaland. Les combats avaient débordé au Kenya tout proche, faisant monter la tension entre Nairobi et Mogadiscio dont les relations sont déjà mauvaises à cause d’un litige frontalier maritime.
« Réel risque de conflit »
D’un côté, le Jubaland est un allié du Kenya qui utilise la région comme zone-tampon contre les terroristes shebabs. De l’autre, la Somalie est alliée à l’Ethiopie et l’envoi de troupes par Addis-Abeba n’augure rien de bon.
Selon Rashid Abdi, ce déploiement est un message envoyé au Kenya de ne surtout pas essayer de changer la donne dans la région de Gedo. « Il y a un réel risque de conflit », indique le chercheur.
La tension entre le Kenya et l’Ethiopie est feutrée mais réelle. À l’été 2019, les deux armées avaient failli s’affronter près de Kismayo car Addis-Abeba voulait y renforcer sa présence. Cette fois, les Éthiopiens sont entrés en force. La balle semble dans le camp du Kenya.
► À lire aussi : Somalie: une élection au Jubaland et des enjeux pour toute la Corne de l’Afrique
NewsletterAvec la Newsletter Quotidienne, retrouvez les infos à la une directement dans votre boite mail