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Madagascar: vague de soutien après l’emprisonnement d’une homosexuelle

#FreeKen, c’est le hashtag qui fait le tour du réseau social Facebook à Madagascar. Un hashtag pour demander la libération d’une jeune femme homosexuelle placée en détention provisoire, il y a quatre jours. Ken, 33 ans, est accusée de «détournement de mineur» parce qu’en couple avec une jeune femme de 19 ans. A Madagascar, le code pénal punit d’une peine de deux à cinq ans d’emprisonnement, les relations homosexuelles avec une personne de moins de 21 ans.

De notre correspondente à Antananarivo, Laetitia Bezain

Sur Facebook des centaines de photos de Malgaches faisant un L avec leurs doigts pour demander la libération de Ken défilent. Les commentaires homophobes sont aussi largement présents. Pour les activistes LGBT et leurs alliés, c’est la loi malgache qu’il faut modifier.

Johnatan Randrianary est responsable LGBT au sein de l’association Droits Humains Madagascar et membre du comité de soutien à Ken. « On peut dire qu’elle est en prison parce qu’elle est homosexuelle. La loi est là et dit que pour les personnes hétérosexuels la majorité sexuelle est de 14 ans et pour les LGBT s’est 21 ans. D’ailleurs cette loi qualifie de « contre nature » ce type de relation. Donc, c’est vraiment discriminatoire. C’est pour ça que le comité a décidé de se battre contre cette loi puisqu’on parle beaucoup d’inclusion de plusieurs minorités mais la question LGBT est vraiment mise à l’écart. Les ONG qui se battent pour les droits humains, pour des convictions personnelles ou tout simplement par peur car c’est quand même un sujet très chaud à Madagascar, ne préfèrent pas se prononcer sur le sujet. Mais heureusement le mouvement a été lancé et il a pu réunir plusieurs activistes et ONG qui se battent dans ce sens-là. Il y a une prise de conscience collective même si l’opinion publique est très divisée sur le sujet. »

A l’origine de la plainte pour détournement de mineur: la mère de sa petite amie. Fifaliana, 19 ans. « Ma mère a juste dit qu’elle nous a vu s’embrasser mais elle n’a pas de preuve. Le juge nous a dit qu’il y a une loi contre ça. Mais nous n’avons jamais eu de relations sexuelles. Nous nous aimons, c’est tout. J’ai reçu beaucoup de messages de menaces qui disaient qu’on allait nous tuer parce qu’on est homosexuelles. Ce n’est pas pour notre homosexualité mais pour la libération de la personne qui m’a toujours soutenu dans ma vie que je me bats. ».

Une justice à deux vitesses d’autant plus flagrante pour cette dernière puisqu’elle explique avoir été violée pendant 10 ans par son père sans que sa mère, au courant de la situation, ne soit condamnée pour complicité. Le procès de Ken est prévu le 10 avril.

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