Une partie des habitants touchés par le projet de nouvelle ville, Tanamasoandro, en périphérie de la capitale Antananarivo, a tenu un rassemblement à Ambohitrimanjaka, l’une des communes impactées pour alerter sur leur situation. Malgré la mise en place d’un guichet unique en début du mois par les autorités pour répondre aux inquiétudes de la population, la contestation persiste.
À l’entrée de la commune, deux banderoles surplombent la route principale, l’une blanche qui indique : « nous n’acceptons pas le remblaiement de nos rizières », l’autre noire « pour signifier qu’un danger imminent arrive », expliquent les habitants qui sont contre ce projet de nouvelle ville sur leurs terres.
Il y a un mois, des représentants de la présidence se sont rendus sur place pour discuter et rassurer la population. Mais pour Mamy, 49 ans, ceux-ci n’ont pas tenu leurs promesses.
« Ils sont venus négocier avec nous. Ils nous ont bien entendu répété que l’on refusait ce projet et ils ont dit qu’ils allaient transmettre notre contestation au président de la République. Mais finalement leur réponse ça a été de mettre en place ce guichet unique pour que l’on vienne s’informer sur Tanamasoandro. Ce n’est pas ce que nous avions convenu. »
Promesse de campagne d’Andry Rajoelina, ce projet a pour but de désengorger la capitale qui fait face à une croissance démographique de plus en plus forte. La première étape prévoit le remblaiement d’une centaine d’hectares de rizières.
« Ils nous ont dit que le mètre carré était à 5000 ariary. Voilà le prix de nos rizières. Nous les habitants d’Ambohitrimanjaka, c’est simple, nous disons non. C’est ce qui nous fait vivre. Nous ne les vendrons pas. Nous ne les échangerons pas. Vendre les terres de ses ancêtres, c’est un blasphème pour nous. Même s’ils nous proposent 20 millions de dollars, nous refuserons. »
Terres ancestrales
À 300 mètres de là, du haut d’une colline, Rafidimanana, 81 ans, parcourt du regard les centaines d’hectares de rizières qui s’étendent autour du village. Plusieurs lui appartiennent.
« Madagascar est très vaste. L’État peut faire des constructions ailleurs mais la solution n’est pas de remblayer ces rizières. Elles remplissent les ventres des Merina (NDLR : ethnie de la partie nord des hautes terres centrales de Madagascar) depuis des générations, pas seulement les habitants de la commune. Je ne sais pas depuis combien de temps ces terres sont dans ma famille. C’est un cadeau de Dieu et l’homme va le détruire. Les autorités pensent créer des emplois mais elles vont aussi supprimer ceux qui existent déjà. »
Le ministère de l’Aménagement du territoire indique que le chantier de cette nouvelle ville créera 100 000 emplois. D’après la présidence, 162 propriétaires de rizières ont déjà signé une promesse de vente avec l’État.