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Référendum Sidama en Éthiopie: une journée de vote dans le calme

Les électeurs de la province essentiellement rurale des «Nations, nationalités et peuples du Sud» – qui représentent 4% des 105 millions d’Éthiopiens – se sont rendus aux urnes ce mercredi 20 novembre. L’enjeu est la création d’un nouvel État Sidama dans l’ensemble multinational qu’est l’Éthiopie.

Mercredi 20 novembre, aux premières heures du jour, de longues files ont commencé à se former devant les bureaux de vote. Les opérations se sont déroulées dans le calme toute la journée, selon les premiers rapports des observateurs de la société civile et l’autorité électorale (NEBE).

Quelques irrégularités « mineures » ont été relevées par la Commission éthiopienne des droits humains mais elles ne semblent pas remettre en cause la sincérité du scrutin. Les premières tendances montrent une forte participation. Les électeurs se sont manifestement déplacés en masse.

La campagne n’était pas équilibrée. Il n’y en a pas eu dans le camp du « non » alors qu’on ne comptait plus les banderoles et les affiches en faveur de l’État Sidama. Cela montre bien qu’il y a encore un problème.

[Reportage] Opérations de vote à Hawassa
20-11-2019 – Par Vincent Dublange

On devrait connaître rapidement les résultats définitifs du référendum. Mais les observateurs s’attendent déjà à ce qu’une large majorité de Sidamas se soient prononcés pour la « shaféta », la jarre traditionnelle qui figure le « oui » sur leur bulletin de vote. Concrètement, cela signifiera qu’une réforme constitutionnelle va désormais devoir être lancée au niveau fédéral pour entériner l’entrée dans la fédération éthiopienne d’un nouvel État, le Sidama, en plus des neuf autres qui existent déjà.

A lire aussi : Éthiopie: les Sidamas «veulent renouer avec leur indépendance perdue»

Mais l’issue de ce référendum va aussi poser de nouvelles questions. Il va falloir par exemple organiser la capitale Hawassa, qui compte une importante communauté de non-Sidamas. Et légiférer aussi sur les minorités, nombreuses, vivant dans le nouvel État, leur statut, leur intégration dans l’appareil administratif et le jeu politique.

Il s’agira donc de transformer radicalement ce petit bout d’Éthiopie, en s’efforçant de préserver la paix civile, alors même que cet immense pays traverse une crise qui fait ressurgir les querelles historiques entre les peuples qui forment la fédération.

C’est la boîte de Pandore, parce qu’il y a déjà une douzaine de nations ou de nationalités qui ont demandé à faire la même chose que les Sidamas. Donc, ça pose un problème de fragmentation possible de l’Éthiopie.

René Lefort, chercheur indépendant, sur le référendum sidama
20-11-2019 – Par Léonard Vincent

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