La Commission vérité et réconciliation va enquêter pendant un mois sur une chasse au sorcières menée en 2009, sous l’autorité supposée de l’ancien président Yahya Jammeh. Les premières auditions publiques ont commencé ce dimanche.
En 2009, des chasseurs de sorciers sont présents dans le quartier général de la police à Banjul. Plusieurs hommes habillés de pantalons traditionnels rouges, équipés de tambours, de cornes de vaches et de miroirs. Ken Mendy, un officier de police, est chargé de les accompagner pour noter les noms des personnes désignées. « Ils sont entrés dans mon bureau pour fouiller, témoigne-t-il. Puis l’un des sorciers a dit que ma secrétaire était porteuse d’une maladie. Quand on est entrés dans le bureau du personnel, ils ont commencé à jouer du tambour, à danser et à chanter. »
Une dizaine de supposés sorcières et sorciers sont désignés par les chasseurs. Ils exercent sous l’autorité de l’inspecteur général de la police, qui répond directement du ministre de l’Intérieur et donc du président Yahya Jammeh, à qui il faut faire allégeance.
« Les chasseurs de sorcières avaient un coq qu’ils ont sacrifié, poursuit Ken Mendy. La plupart des policiers du quartier général devaient s’aligner puis aller prêter allégeance au président Yahya Jammeh à l’endroit où le coq avait été tué. » Les personnes désignées comme sorciers ou sorcières sont alors embarquées dans un véhicule pour aller boire une boisson hallucinogène censée les exorciser, sous peine de sanctions.
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