Le secteur aurifère burkinabè est ébranlé par l’attaque du convoi des travailleurs de la Semafo, compagnie minière canadienne située dans l’est du Burkina.
Mercredi 38 personnes ont été tuées par des hommes armés, lors d’une embuscade, à une quarantaine de kilomètres de la mine de Boungou. Jeudi, la Semafo a annoncé la suspension de ses opérations jusqu’à nouvel ordre.
Ce n’est pas la première fois que les industries aurifères burkinabè sont victimes de violences. La situation est inquiétante pour l’économie du pays, alors que le Burkina est le troisième producteur d’or d’Afrique de l’Ouest avec 52 tonnes par an. Le secteur contribue à plus de 11% du produit intérieur brut burkinabè et emploie plus d’1,5 million de personnes.
La mine de Boungou a coulé son premier lingot en juin 2018. La Semafo entendait produire 200 000 onces d’or par an à partir de cette année, alors que la mine abrite des réserves d’une quarantaine de tonnes. « La suspension des activités de la Semafo, même temporaire, envoie un mauvais signal, notamment aux investisseurs étrangers », explique Didier Julienne, consultant en matières premières.
Un rapport publié en 2018 par l’Organisation de coopération et de développement économique pointe du doigt l’insécurité qui menace le secteur aurifère burkinabè : en août 2018, déjà des convois de la Semafo sont attaqués. Le mois suivant, trois travailleurs étrangers de la mine d’or d’Inata sont enlevés à Dori, dans le nord du pays. En janvier 2019, c’est un géologue canadien qui est assassiné, à Tiabangou, dans la région du Sahel.
« En clair, c’est le ratio risque / rentabilité qui déterminera la persistance ou non des investisseurs étrangers », poursuit Didier Julienne. Aujourd’hui, les cours de l’or sont hauts, mais si l’insécurité perdure, les industriels pourraient se tourner vers des pays plus calmes comme le Ghana, premier producteur d’or d’Afrique de l’Ouest.