Depuis l’indépendance, en 1960, la Côte d’Ivoire a perdu 90% de sa forêt, en raison de l’agriculture et en particulier de la culture du Cacao. Pour faire face au fléau de la déforestation et à ses conséquences environnementales et climatiques, la Côte d’Ivoire a adopté, en février dernier, un nouveau code forestier et une nouvelle stratégie alliant reboisement et maintien de l’agriculture. Pour en parler, diplomates, opérateurs du cacao, secteur privé et société civile se sont réunis, vendredi 11 octobre, sous l’égide de l’ambassadeur de l’Union européenne à Abidjan.
L’objectif du gouvernement est de passer de 2 millions d’hectares de forêts aujourd’hui à 6 millions en 2030 et 8 millions en 2045. Si le constat est unanime, cette stratégie à un coût, financier bien-sûr mais aussi social. La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, ne veut pas sacrifier ses planteurs sur l’autel du reboisement.
« On n’a pas à choisir entre la forêt et le planteur. Le planteur peut coexister avec la forêt. La foresterie peut rapporter autant que l’agriculture. Donc, c’est cette politique nouvelle, mise en place en Côte d’Ivoire, qui va démontrer que les deux peuvent coexister sans être tueur l’un de l’autre », a expliqué le ministre des Eaux et forêts, Alain Richard Donwahi.
La durabilité environnementale et sociale du cacao est désormais clairement une exigence des consommateurs qui ne veulent plus être complices de la déforestation ou du travail des enfants. Le cacao ivoirien doit s’adapter, selon l’ambassadeur de l’UE à Abidjan, Jobst Von Kirchmann.
« On ne veut pas non plus être un partenaire passif et dire : voilà, on ne va plus consommer votre produit. On veut aussi être actif, c’est-à-dire contribuer à reboiser, par exemple, lutter contre la déforestation ou encore contribuer à une durabilité des chaînes de valeur. Ce n’est pas seulement la déforestation. C’est aussi le revenu des planteurs, et donc là, je crois que chacun a un rôle à jouer », a-t-il souligné.
Pourtant, la veille, le Conseil café-cacao (CCC) ivoirien et le Cocobod ghanéen menaçaient d’abandonner les programmes de durabilité, chers à l’industrie, si les engagements sur les prix aux planteurs n’étaient pas respectés. « On ne peut pas prétendre qu’en travaillant pour le planteur, on investit dans la durabilité et refuser de payer le planteur », fait remarquer Yves Koné, directeur du CCC.
Prochaine étape du bras de fer entre le privé et les gouvernements : une réunion de la filière à Berlin, dans quinze jours.