Pour de nombreux spécialistes, le procès contre l’ancien président Pierre Buyoya et ses proches, tous issus de la minorité tutsi qui a dominé le Burundi pendant plus de trois décennies, est un signal fort lancé par l’ex-rébellion hutu du CNDD-FDD du président Pierre Nkurunziza, pour montrer qu’il a désormais tous les leviers du pouvoir entre ses mains.
Arrivé à la tête de l’État à la faveur des élections de 2005, ce parti a dû partager le pouvoir avec ses anciens ennemis conformément à l’accord de paix d’Arusha.
Mais la crise de 2015 a tout changé. Quatre ans de répression sanglante ont permis au régime du président Nkurunziza d’être désormais seul maître à bord. « Il prend aujourd’hui sa revanche sur Buyoya qu’il accuse d’être derrière ceux qui le combattent », explique l’un de ces spécialistes.
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Enfin, la date de ce procès n’est pas due au hasard. Le Burundi est à huit mois d’une présidentielle pour laquelle Pierre Nkurunziza a déjà annoncé qu’il ne se représentera pas.
Après 14 ans de pouvoir, son parti est touché par l’usure du temps, et le pays traverse une crise aiguë. Par exemple, 70% de la population vit aujourd’hui en dessous du seuil de pauvreté comme à son arrivée au pouvoir, à la fin de la guerre civile.
Son candidat devra donc faire face à Agathon Rwasa, le leader historique de la plus ancienne rébellion hutu du pays, qui semble avoir le vent en poupe.
Le CNDD-FDD espère que ce procès va asseoir son leadership sur la communauté hutu « faiseuse de roi » au Burundi, selon les mêmes spécialistes.
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