La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest a décidé de consacrer 1 milliard de dollars sur 5 ans à la lutte contre le jihadisme. Mais selon quelles modalités ?
Là où le G5-Sahel peine à attirer les financements, la Cédéao fait le pari de consacrer 200 millions de dollars par an entre 2020 et 2024 à la lutte contre le jihadisme.
La moitié sera décaissée par les 6 États membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine. « L’UEMOA avait déjà pris sa décision sur 500 millions, même sans le reste de la Cédéao », confie un ministre de la zone franc. L’enjeu était donc de faire adhérer les autres pays. « L’idée a fait l’unanimité. On a même eu l’engagement [du président nigérian Muhammadu] Buhari. C’était important d’avoir son soutien », commente le ministre.
Les 9 États membres de la l’organisation ouest-africaine qui n’appartiennent pas à l’UEMOA financeront donc les 500 autres millions de dollars selon des modalités et une répartition qui reste à définir. Jean-Claude Brou, le président de la commission de la Cédéao a jusqu’au sommet d’Abuja fin décembre pour faire des propositions.
Remobiliser les financements internationaux
Vraisemblablement, chaque État pourrait voir son prélèvement communautaire au sein de la Cédéao augmenter. Le Tchad et la Mauritanie, non membres de l’organisation, sont invités à se joindre au mécanisme de financement.
Quelle forme prendra ce mécanisme ? Qui gèrera le fonds ? Comment se feront les arbitrages ? Tout cela est encore flou, et le président de la commission doit aussi se pencher sur ces questions. Jean-Claude Brou devra également réfléchir à un moyen de faire contribuer le secteur privé à la lutte contre le terrorisme, mais sans prélever de taxe, sur la base du volontariat, assure-t-on.
Quoi qu’il en soit, par cette annonce, la Cédéao espère démontrer la fermeté de son engagement et, peut-être, mobiliser ainsi des ressources externes auprès de bailleurs de fonds internationaux parfois découragés.