Après deux jours au Mozambique, le pape François est arrivé, vendredi soir, à Madagascar, deuxième étape de sa longue tournée dans l’Océan indien. Ce samedi matin, à 10h00, heure locale, il s’est exprimé pour la première fois, depuis son arrivée. Invité au palais d’Etat, le pape François a prononcé son discours devant les autorités malgaches, le corps diplomatique, et la société civile. Un discours attendu, collant parfaitement aux réalités du pays et adressé très directement aux gouvernants du pays mais aussi, aux organisations internationales.
Lutte contre la pauvreté « inhumaine », lutte contre la corruption endémique, nécessité de servir ses concitoyens… D’entrée de jeu, le pape a rappelé aux responsables politiques que leur mission première était de favoriser les conditions d’un développement digne et juste sur l’Île et combien les êtres humains, notamment les plus fragiles, devaient être au cœur de ce développement.
Autre thème cher à François et largement développé ce matin, celui de l’importance de prendre soin de ce qu’il appelle « notre Maison commune », énumérant, au passage, différentes menaces, ô combien d’actualité, qui pèsent sur l’île comme la déforestation excessive au profit de quelques-uns, le braconnage ou encore la coupe effrénée de bois précieux.
Puis, citant un extrait de son encyclique Laudato Si sur l’écologie, il a rappelé qu’ « Il n’existe pas deux crises séparées, l’une environnementale et l’autre sociale, mais une seule et complexe crise socio-environnementale ».
Ensuite, et c’est sans doute-là que le Pape a créé la surprise, il a tenu à avertir la communauté internationale. Tout en reconnaissant l’aide apportée par cette dernière, François a néanmoins souligné qu’à trop vouloir aider Madagascar à s’ouvrir au monde, le risque était d’enfermer le pays dans « une prétendue culture universelle qui méprise, enterre et supprime le patrimoine culturel de chaque peuple ».
Il s’agit ainsi d’un appel au respect des modes de vie de chacun et d’une invitation au peuple malagasy à devenir l’artisan de son propre destin.
Aussi, pour réussir dans cette grande entreprise, le Pape a rappelé à quel point il était nécessaire d’accorder attention et respect à la société civile locale, celle-là même qui, par ses actions, rend plus audible « la voix de ceux qui n’ont pas de voix ». Une société civile qui, aujourd’hui, peine encore à se faire entendre sur la Grande île et qui attendait beaucoup du discours du Pape.
Autres grands rendez-vous
Le pape rencontre, ce samedi après-midi, les évêques de l’île puis il passera la soirée avec les jeunes des diocèses du pays pour une veillée de prière.
Dimanche, point culminant de sa visite, ce sera la grand-messe, à laquelle sont attendues près d’un million de personnes.
Le pape se rendra ensuite à Akamasoa, les villages créés par le père Pedro, emblématique prêtre de l’île qui a fait de la lutte contre la pauvreté le combat de sa vie.