La province du Sud-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo, est en proie à l’insécurité. Depuis un an, les attaques entre autochtones Pygmées et gardes du Parc national de Kahuzi-Biega (PNKB) se multiplient. Les Pygmées, historiquement considérés comme les premiers habitants du Congo, menacent de regagner la forêt de ce parc, une zone qu’ils considèrent comme leur territoire d’origine.
C’est un conflit qui date de longtemps mais qui a pris une autre ampleur, depuis un an, lorsque les Pygmées ont pris d’assaut une partie du parc qu’ils considèrent comme leur milieu naturel.
« Mes frères, les peuples autochtones pygmées, depuis qu’ils ont été chassés, aucune mesure d’accompagnement n’a été suivie », déclare Patrick, membre du Collectif des Peuples autochtones.
Le chargé de communication du Parc national de Kahuzi-Biega, Hubert Mulongoy, parle, quant à lui d’une milice déjà constituée pour s’en prendre aux éco-gardes.
« Est-ce que les Maï-Maï qui nous ont attaqués sont des Pygmées ou c’est une milice ? », demande-t-il.
D’autres menaces planent sur le parc
Outre les attaques, on note aussi la déforestation d’environ 300 hectares, les braconnages et même l’exploitation des minerais dans ce parc.
« Ça doit s’arrêter immédiatement. Voilà pourquoi je demande à toute la communauté nationale et internationale de pouvoir se mobiliser pour décourager tout ce qui se fait », déplore Jacques Amani Kamanda, rapporteur de l’Assemblée provinciale du Sud-Kivu.
Dans une lettre adressée au ministre national de l’Environnement, le Partenariat pour la protection intégrée (PPI) s’inquiète de l’allure actuelle des choses.
« Ces conflits, ici, risquent de déboucher sur un conflit intercommunautaire si ce n’est pas bien géré parce que les gardiens des parcs et les pygmées vivent tous dans le même village », nous explique maître Pascal Mupenda, chargé des programmes du PPI.
Le ministère provincial de l’Environnement envisage une solution définitive à ces conflits. Parmi les pistes envisagées, figure l’organisation d’une table ronde réunissant les gardes, les communautés locales et les Pygmées.
Ces derniers continuent de demander à être indemnisés par l’Etat congolais, s’ils ne peuvent rejoindre le parc. Des organisations ont saisi, à plusieurs reprises, la Cour africaine des droits de l’homme sur cette question.