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Comment s’organise le financement de la riposte à Ebola en RDC

Officiellement déclarée le 1er août 2018, la dixième épidémie de fièvre Ebola en République démocratique du Congo est, de loin, la plus grave, avec près de 2 600 cas déclarés et plus de 1 700 décès. En élevant l’épidémie au rang d’urgence sanitaire mondiale, le 17 juillet dernier, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) a enclenché un afflux d’argent. La Banque mondiale vient ainsi d’annoncer qu’elle allait débloquer 300 millions de dollars. Comment et par quels canaux sont utilisés les fonds de la communauté internationale ? Éléments de réponse.

« L’épidémie d’Ebola est une urgence de santé publique, et non une crise humanitaire, il est donc normal que les autorités congolaises soient associées à la riposte », affirme un responsable humanitaire occidental. De fait, jusqu’à présent le ministère de la Santé publique a joué un rôle central dans l’organisation de la lutte contre l’épidémie, en mettant en place les équipes de personnels médicaux et paramédicaux sur le terrain, et en supervisant le travail avec les agences onusiennes et les ONG.

La Banque mondiale, qui a déjà débloqué 100 millions de dollars depuis un an, s’apprête à en verser 300 millions de plus pour financer le quatrième plan stratégique de riposte, mis au point par le ministère et ses partenaires étrangers. L’argent, composé à quatre-vingts pour cent de dons, est versé sur des comptes spéciaux, du ministère « au fur et à mesure des besoins », précise une source à la Banque mondiale. Environ la moitié des sommes servent au ministère à financer son action, à payer ses personnels déployés sur le terrain, médecins, experts, ambulanciers, infirmiers, etc. L’autre moitié est redistribuée par le ministère aux agences onusiennes et aux partenaires qui interviennent chacun dans leur domaine respectif, OMS, Unicef, PAM, etc.

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Besoin d’une plus grande transparence

Ce dispositif est « contrôlé en amont », affirme un responsable de la Banque mondiale, qui précise que « depuis longtemps, la RDC est l’un des pays où la Banque mondiale diligente le plus d’enquêtes pour surveiller l’utilisation des fonds décaissés, quels que soient les projets ». Cette source reconnait cependant que la Banque mondiale privilégie pour l’instant « la rapidité de la réponse, car il s’agit de sauver des vies humaines », et que « les contrôles sur la qualité des projets et l’utilisation effective des sommes engagées se feront en grande partie a posteriori ». Précision d’autant plus importante que l’argent d’Ebola fait à la fois fantasmer et grincer des dents sur le terrain, dans l’est du pays. Certains des employés du ministère se sont plaints, ces derniers mois, de retards dans les paiements, d’autres déplorent de différences inexplicables dans le montant des primes versées. Un responsable humanitaire, qui dit comprendre ces récriminations, rappelle cependant que le ministère de la Santé publique a commencé à remettre de l’ordre dans le barème des primes et des diverses gratifications touchées par le personnel, soignant ou non, engagé sur le terrain.

Juste avant de démissionner, le 22 juillet dernier, Oly Ilunga, le ministre de la Santé, a soulevé un autre problème au sujet des canaux de financement, en disant « espérer une plus grande transparence et redevabilité des acteurs humanitaires par rapport à l’utilisation des fonds ». Une façon de souligner l’agacement des Congolais face aux bailleurs bilatéraux qui préfèrent financer directement les ONG sans passer sous les fourches caudines du ministère de la Santé. C’est le cas des États-Unis qui ont déjà débloqué 95 millions de dollars cette année. De l’argent géré en direct par l’USAID, l’agence de développement américaine. La Grande-Bretagne qui vient d’annoncer une nouvelle enveloppe de 40 millions de dollars fait de même.

Dans l’immédiat, les bailleurs et les donateurs vont devoir s’adapter à la nouvelle structure mise en place par le président Félix Tshisekedi. Ce dernier a annoncé la semaine dernière que la riposte à Ebola était désormais dirigée depuis la présidence par un comité d’experts dirigé par le professeur Jean Jacques Muyambe, ce qui a entrainé la démission du ministre de la Santé publique.

Comment vont désormais être gérés les fonds de la communauté internationale ? Comment sera coordonné le travail de la commission et celui du ministère ? Pour l’instant, les bailleurs attendent des réponses, espérant que le nouveau système n’entrainera pas de flottement à un moment crucial dans la lutte contre la propagation du virus.

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