Depuis le départ de Yahya Jammeh, le 22 juillet n’est plus un jour férié, avec discours et parade sous l’Arch22, monument à la gloire des putschistes. Ce qui était présenté comme un événement libérateur par la propagande est aujourd’hui minutieusement déconstruit par les témoins de la Commission Vérité et réconciliation.
En 1994, la frustration gagne les casernes. Certains jeunes soldats se sentent mal payés, peu considérés et ils ne supportent pas d’être commandés par des militaires nigérians, présents dans le pays pour entraîner l’armée gambienne.
Cette colère est exploitée par un groupe de jeunes lieutenants qui veut renverser le gouvernement perçu comme corrompu. Le coup d’État est prévu le 21 juillet. Les mutins doivent capturer le président Dawda Jawaraà son arrivée à l’aéroport. Mais Yahya Jammeh et ses camarades sont démasqués. Aussi incroyable que cela puisse paraître, les soldats ne sont pas arrêtés, seulement désarmés.
►Lire aussi : Gambie : derrière la façade constitutionnelle, le pouvoir d’un seul
Les putschistes retentent donc leur chance le lendemain, mal préparés, mais lourdement armés. Le major Amadou Suwareh, chargé de protéger le pont qui donne accès à Banjul se souvient de l’état d’ébriété des soldats. « Ils ont dit qu’ils allaient renverser le gouvernement pour ensuite confier le pouvoir à un gouvernement civil. Ils étaient tellement ivres que je savais qu’en cas d’incident sur le pont, personne ne pourrait éviter un carnage ».
Le major Suwareh décide d’ouvrir la voie aux mutins pour éviter des affrontements. Le pouvoir est pris sans coup de feu. Yahya Jammeh est nommé président du gouvernement provisoire sur la base de son ancienneté dans l’armée. Il dirigera le pays pendant 22 ans.
► Lire aussi : Gambie, que faire de l’Arch 22, symbole de Banjul et de l’ancienne dictature