Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a prononcé son discours annuel devant le Parlement, ce lundi 1er juillet. Son intervention, initialement prévue lundi dernier, avait été reportée en raison de ce que les autorités fédérales qualifient de tentative de « coup d’État » perpétrée par une milice nationaliste amhara, samedi 22 juin.
Devant les députés, le chef du gouvernement éthiopien a tenu à mettre en lumière les défis auxquels il a su répondre, après un an au pouvoir, mais il a aussi abordé la délicate question de la Constitution fédérale, alors que les revendications nationalistes se multiplient en Éthiopie.
Cette fois, Abiy Ahmed portait un costume et une cravate et non plus la tenue camouflage dans laquelle il était apparu, la semaine dernière, après le coup de force du 22 juin. Dans une intervention plus longue que d’habitude, il a défendu ses grandes décisions comme celles de vider les prisons, inclure tous les acteurs politiques dans la vie civile, faire la paix avec l’Érythrée, libéraliser l’économie ou encore rapatrier autant que possible de gens parmi les trois millions de déplacés internes. Il a également parlé chômage, macroéconomie et croissance.
Abiy Ahmed était cependant attendu sur les questions politiques, une semaine après ce qu’il a encore qualifié sans hésitation de « coup d’État » raté de nationalistes amharas, et surtout sur la question de la Constitution fédérale avec laquelle composent difficilement les nations qui forment l’Ethiopie.
Pour lui, le texte fondateur peut effectivement être amendé mais par les urnes, pas par la force.
« La Constitution appartient au peuple, pas aux habitants d’un quartier », a-t-il rappelé.
Le Premier ministre a dit aussi avoir entendu les demandes pressantes de certains peuples comme les Sidamas, pour plus d’autonomie, mais les a exhortés à la patience.
Enfin, il a appelé les Ethiopiens à l’unité. « Si celle-ci était menacée, nous n’hésiterons pas à troquer le stylo pour la kalachnikov », a-t-il déclaré.
Le défi des réveils nationalistes
De l’avis de tous les observateurs, les revendications nationalistes qui montent en Éthiopie sont la conséquence de l’ouverture politique mal maîtrisée qui a porté au pouvoir l’oromo Abiy Ahmed, dans un pays fédéral immense et fragile composé de neuf nationalités. La semaine dernière, c’est la revendication amhara qui a attiré l’attention, après le coup de force d’un général nationaliste de cet État du nord-ouest du pays. Mais quelle est l’histoire de ce peuple qui a donné à l’Éthiopie sa langue et son alphabet ? Quel est son rôle dans l’histoire récente et, surtout, quel défi le réveil des nationalismes pose-t-il à l’un des plus grands pays d’Afrique ? Ce sont les questions que RFI a posées au chercheur indépendant René Lefort, l’un des meilleurs connaisseurs du monde éthiopien.
La question qui divise la classe politique et qu’elle est incapable, à ce stade, de traiter, c’est comment et sur quelles bases les différents peuples, nations, nationalités d’Éthiopie vont-ils vivre ensemble