Alors que les négociations continuent entre civils et militaires pour former un Conseil conjoint, certains religieux, notamment salafistes, tentent de s’immiscer dans le débat. Lundi 29 avril, dans les rues de Khartoum, plusieurs écoles soufies, une tendance plus modérée de l’islam, ont défilé pour apporter leur soutien aux manifestants.
En djellabas et turbans blancs, banderoles à la main, une centaine de soufis défilent au son des derboukas.
« Je soutiens le peuple et ce mouvement, explique Abderrahim Youssif Hussein qui suit l’enseignement de l’école Kaderria Arrakyia. Les écoles soufies sont un soutien majeur de la révolution. Nous sommes apolitiques, mais nous sommes là pour le changement et pour améliorer les choses. »
Quand nos questions abordent la place de la religion dans la politique soudanaise, Abderrahim se tourne vers son maître, Jamal Souleimane Hamid, cheikh de l’association des écoles Kaderria Arrakyia. « La présence des religieux en politique n’est pas bonne, souligne-t-il. Il n’est pas bon de les avoir au gouvernement. Les religieux sont là pour guider avec bienveillance. Ceux qui doivent décider du gouvernement, ce sont ces jeunes qui sont dans la rue. L’islam politique a fait du tort au pays. Il a apporté le népotisme et rendu le système politique illégitime, en mettant au pouvoir des incompétents. »
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Une vision que ne partage pas Altayib Salah Altayib, responsable des jeunes de l’association des écoles soufies du Soudan. « Les mouvements soufis ont toujours participé à la vie politique depuis l’indépendance, rappelle-t-il. L’association des écoles soufies est en contact avec la Coalition civile qui négocie pour le nouveau gouvernement, pour que l’islam soit bien représenté et non pas détourné par les extrémistes ou ceux qui ne croient pas. »
Civils et militaires doivent présenter leurs propositions pour parvenir à un accord d’ici ce mardi soir.