En 2012, 34 mineurs avaient été tués à Marikana lors d’une grève violemment réprimée par la police. L’un des principaux actionnaires de la compagnie minière de Marikana n’est autre que Cyril Ramaphosa, candidat de l’ANC et favori de la présidentielle de mai. Un passé que n’a pas manqué de rappeler Julius Malema, le leader des Combattants pour la liberté économique, en meeting dans la région.
Marikana, son immense complexe minier et ses 20 000 habitants, est devenue le symbole d’une Afrique du Sud qui souffre. Six ans après la plus grande tuerie qu'ait connu le pays depuis l'apartheid, dans les rues du township, toujours ni eau courante, ni électricité. Depuis 2012, les compensations promises par l’Etat n’ont pas été versées.
Sebenza travaille à la mine. Il a été blessé lors des manifestations. « On m’avait promis un logement social. Mais depuis 2012, toujours rien, raconte-t-il. J’habite encore sous des plaques de tôle. Et s’ils arrivent demain avec une maison à me proposer, je refuserai ! »
Wendy Pretorius est, elle, conseillère municipale pour le parti d’opposition EFF (Combattants pour la liberté économique, le parti de Julius Malema). Sa maison jouxte la colline où a eu lieu le drame.
« Jamais nous n’oublierons ce qui s’est passé en 2012. Tous les jours, on passe devant la colline, et on y repense, témoigne-t-elle. Ils nous ont dit que Marikana deviendrait le Pays de Canaan, un paradis où coulerait le lait et le miel. Depuis rien ne bouge. »
Sans action de l’Etat, pas de deuil possible pour Thando Khaya, qui a perdu son frère dans les manifestations. Elle ne veut pas voir Cyril Ramaphosa élu à la tête du pays. « Je ne voterai jamais pour lui, promet-elle. Il a été tellement cruel en 2012. Et il n’a rien fait pour changer nos vies depuis… »
Pas de compensations ni de logements sociaux donc. Mais le pire pourrait arriver en fin d’année lors d’un grand plan social qui risquerait de faire perdre leur travail à des centaines de mineurs.