Les Comores sont toujours dans l’attente des résultats définitifs de la présidentielle du 24 mars. C’est la Cour suprême qui doit les proclamer. Après un scrutin contesté, le président Azali avait été déclaré vainqueur avec 60 % des voix par la Commission électorale. L’attente se vit dans un climat tendu depuis les violences, le jour du scrutin, et l’attaque du camp militaire de Kandani qui a fait trois morts.
« Je reste à la maison. Je ne sors pas ».
Rencontrée au détour d’une ruelle, une femme dit vivre cloîtrée avec sa mère et sa sœur, par peur des gendarmes. Depuis plusieurs jours, Moroni fonctionne au ralenti et les habitants vivent dans la crainte de nouvelles violences.
Afifdine Isouf, commerçant, fait grise mine. « Dès qu’il y a des troubles aux Comores, les affaires ne marchent pas. Les Comoriens ont besoin d’une situation stable et tranquille. Ils n’ont pas besoin de troubles. Ils ont besoin de savoir vivre », dit-il.
Plus loin, un groupe d’hommes joue aux dominos. Ibrahim Youssouf les regarde. Pour lui, les politiciens doivent prendre leurs responsabilités.
« L’ambiance est un peu spéciale parce qu’on n’est pas habitués à des troubles. L’archipel des Comores est paisible. Tout le monde vit sa vie, sans se soucier de l’avenir. Nous sommes inquiets. Chaque jour qui passe, nous ne savons jamais si la journée finira bien ou si ce sera l’éclatement des Comores. Je sais qu’il n’y aura pas de stabilité sans qu’il y ait vraiment un dialogue », précise-t-il.
En fin de journée, après la prière, les croyants s’assoient et discutent discrètement de la situation. Certains comme Maoulida Ali Dembeni prônent le dialogue, mais avec une aide extérieure. « Il faut que l’Union africaine, la Ligue arabe ou encore l’Union européenne viennent dans le pays et tentent une médiation. Les politiciens Comoriens ne s’entendent plus », recommande-t-il.
L’Union africaine s’est déjà déclarée disposée à aider mais le pouvoir comorien n’a pas encore donné suite.