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Contestation en Algérie: quels scénarios pour une sortie de la crise?

Nouveau vendredi de manifestation pour contester le régime du président Abdelaziz Bouteflika. L’enjeu est important, puisque le chef d’état-major a demandé à ce que le Conseil constitutionnel applique l’article 102 afin de déclarer le président inapte à exercer ses fonctions. Comment pourrait se passer cette nouvelle étape ? Eléments de réponse.

Quelle est la probabilité que le Conseil Constitutionnel enclenche cette procédure et qu’elle soit suivie par le Parlement ?

Désormais, le Conseil constitutionnel n’a pas trop le choix vu la pression de la rue. Depuis l’appel aux institutions lancé par le chef de l’état-major de l’armée, mardi dernier, le pays est dans l’attente d’une réunion du Conseil constitutionnel, dirigé d’ailleurs par un proche du président Bouteflika. Plusieurs rumeurs ont fait état d'une réunion mardi soir, puis mercredi matin. Mais finalement, ce jeudi, la radio algérienne a affirmé que cela n’avait pas encore eu lieu.

Des sources à Alger précisent, tout de même, que le président, pour éviter qu’il ne soit humilié devant un comité de médecin qui doit examiner son état physique, et dire s’il apte ou pas, pourrait donner sa démission. On dit que sa lettre est déjà écrite. Ce ne sont néanmoins que des suppositions, rien n’est officiel. Ce n’est que l’un des scénarios envisagés pour sortir de la crise. Ce qui pourrait expliquer en partie, peut-être, le retard pesant qu’a pris le Conseil constitutionnel avant de se réunir, alors que l’Algérie s’attend aujourd’hui à un sixième vendredi de manifestations.

Ces manifestations sont le baromètre qui pourrait à nouveau accélérer les choses. Surtout si les manifestants se comptent par millions. Il sera alors difficile pour le Conseil constitutionnel de garder le silence.

Que peut-il se passer si le Conseil constitutionnel, avec ses 12 membres, enclenche cette procédure ?

D’abord, cette décision doit être prise à l’unanimité de 12 membres du Conseil, selon l’article 102 de la Constitution algérienne. Le Conseil propose alors à l’Assemblé populaire nationale du peuple de déclarer l’état d’empêchement. Le texte prévoit la déclaration de vacance dans trois situations : la maladie grave du président, sa démission, ou son décès. Pour le moment, rien ne filtre, sur la question de savoir si un comité de médecin a déjà examiné le président algérien pour remettre son rapport au Conseil.

Pourquoi l’opposition et les manifestants semblent réticents à cette procédure ?

Le peuple algérien considère qu’il a été très patient. Déjà depuis 2013, quand le président est tombé malade, ce peuple a demandé l’application de l’article 102, mais il n’a pas été écouté, ni par le pouvoir ni par l’armée qui dit pourtant qu’elle le représente. Il y a aujourd’hui un sentiment de colère et d’amertume qui domine parce que les revendications ont été reniées et bafouées.

Les Algériens voient dans cette solution un piège qui permettra au pouvoir de rester en place en changeant de nom et de visage. Or c’est le départ du système entier, du régime que la population réclame. « Nous ne sommes pas dupes », répètent les protestataires. Les activistes critiquent aussi l’intrusion de l’armée dans les affaires politiques ce qui envenime la situation, selon eux. De plus, pour nombres d’Algériens, l’application de cet article de la Constitution avait un sens, mais avant la révolution populaire pacifique et exemplaire quand l’opposition demandait son application. Aujourd’hui, les demandes vont bien au-delà.

Enfin, les Algériens ne voient pas vraiment dans la personnalité du numéro deux du pouvoir, Abdelkader Ben Salah, le président du Conseil de la nation, l’équivalent du sénat en France, l’homme de la situation. Au contraire, ils sont en colère contre lui, il est un symbole du régime actuel. Les Algériens réclament depuis le 22 février dernier une personnalité indépendante et fiable pour diriger une période transitoire exigée pour préparer les élections.

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