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Tunisie: l’Instance vérité et dignité remet son rapport

C’est une nouvelle étape du processus de justice transitionnelle en Tunisie.
 Après de multiples reports et des pressions politiques, l’Instance vérité et dignité (IVD) a publié son rapport final. Mise en place en 2014, l’instance a recensé les exactions commisses par les pouvoirs tunisiens entre 1955 et 2013. Plus de 60 000 plaintes étudiées, des dizaines de milliers d’auditions, plus de 10 000 victimes identifiées, des centaines de dossiers devant la justice.

Avant de remettre son rapport en six volumes, l’instance a reçu jusqu’à son terme des menaces de dissolution de la part du pouvoir. Rien de surprenant selon Salwa el Ganthri, directrice du Centre international pour la justice transitionnelle, car le pays a choisi de ne pas exclure les acteurs du passé : « Aujourd’hui si nous avons cet ex-régime, recyclé dans des nouveaux partis politiques, qui est en train d’attaquer le processus c’est parce qu’aussi la Tunisie a choisi de ne pas avoir ce qu’on appelle l’exclusion politique. Donc ces gens sont eux-mêmes bénéficiaires du processus de justice transitionnelle parce que grâce à lui, ils ont eu la possibilité d’encore exercer dans le milieu public, politique et de se porter candidats aux élections. »

Sur cette sombre période de l’histoire tunisienne, l’instance a pu identifier la chaîne de commandement, des bourreaux jusqu’aux plus hauts responsables de l’Etat. Certains sont encore aujourd’hui conseillers en poste, à la présidence, au gouvernement, au Parlement…

Et selon la présidente de l’IVD, la plus grande menace liée aux violations des droits humains reste la corruption, que Sihem Ben Sedrine compare à une pieuvre : « On a décortiqué comment ça fonctionne et pourquoi ça se déploie encore plus fort après la révolution. On a proposé des solutions pour que cette pieuvre arrête de coloniser l’Etat et de mettre en échec tout le système démocratique. »

En présentant le fruit de quatre années de travail, l’IVD a réaffirmé sa mission de mettre fin à l’impunité afin que plus jamais ces actes ne se reproduisent.

Place désormais au travail des chambres juridictionnelles spécialisées qui vont instruire les procès. Et dans les recommandations du rapport, dont la mise en œuvre d’ici un an est une obligation légale, figurent de nombreuses propositions pour réformer en profondeur des institutions afin de lutter contre la corruption et l’oppression répandues aujourd’hui dans les cercles du pouvoir.

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