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Nigeria: les électeurs en plein désarroi après le report des élections

Au Nigeria, 84 millions d’électeurs se sont retrouvés pris de court ce 16 février par l’annonce du report des élections législatives, sénatoriales et présidentielle par la Commission électorale, qui invoque des problèmes logistiques. Pour beaucoup d'entre eux, voter implique un sacrifice et une organisation sans failles. La plupart des électeurs ne résident pas dans l’Etat où ils sont inscrits pour voter. Nombre d'entre eux se sont déplacés pour rien ce week-end, laissant derrière eux activité et famille.

Accoudé sur un plan de travail, au marché d’Obalendé, à Lagos, la capitale économique du Nigeria, Malam Ali a le regard vide. Ce vieil homme d’une soixantaine d’années ravale sa colère. Employé à la société publique d’électricité, Malam Ali avait âprement négocié une autorisation pour s’absenter deux jours avant les élections afin de quitter Kano, la mégalopole du nord du pays, pour aller voter à Lagos.

« J’ai pris plusieurs bus pour venir jusqu’à Lagos, raconte-t-il. Et lorsque je suis arrivé ce matin à l’aube, j’ai appris que le vote avait été reporté. Je n’ai aucune raison de rester. Je vais rentrer au plus tôt. Et je reviendrai la semaine prochaine ».

Elections au Nigeria: le report de dernière minute prend le pays par surprise

Aïsha, est commerçante dans la ville d’Ibadan. Cette femme d’âge mûr reste attachée à Obalendé, ce quartier populaire niché au milieu de l’île d’Ikoyi. A chaque élection, elle sacrifie son temps, pour prendre les transports en commun afin de voter. « Voyez, ici, c’est la maison de mon grand-père, explique-t-elle. Je suis née à Obalendé. Ma carte d’électeur est enregistrée ici. C’est ici que je dois voter ».

Aïsha est attachée à son quartier mais surtout aux élites politiques, qui représentent cette circonscription à l’échelon local. Peu importe le temps passé sur la route, elle s’organise pour que son commerce fonctionne en son absence.

« Vendredi prochain, je serai contrainte de reprendre la route et de revenir à Lagos, poursuit Aïsha. Pour l’aller-retour, je vais dépenser environ 10 euros. Je fermerai mon établissement à cause des élections car je veux donner ma voix au candidat de mon choix ».

A Obalendé, si de nombreux électeurs ont été refroidis par ce report-surprise, ils sont bien déterminés à s’exprimer le week-end prochain.

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