Depuis le 1er décembre, comme chaque année, la Céni procède à la révision du fameux document national. Les citoyens en âge de voter sont donc conviés à venir vérifier au bureau du quartier si leur nom apparait bien dans la liste. Mais le désintérêt est flagrant : à trois jours de la clôture du processus, le taux d’augmentation du nombre d’inscrits sur tout le territoire n’est que de 0,38% contre plus de 5% l’an dernier. Alors, hier, la Céni a tenté le tout pour le tout en invitant les 192 présidents des Fokontany de la capitale, sortes de chefs de quartiers, pour dialoguer et les encourager à motiver les habitants de leur zone à s’inscrire.
A trois jours de la clôture de la révision de la liste électorale, ils sont plus de 170 chefs de quartiers à avoir répondu à l’appel de la Céni, pour cette réunion de dialogue.
Après une brève présentation de la situation « décourageante » par les cadres de la commission électorale, la parole est donnée aux invités pour qu’ils essaient d’expliquer les raisons du faible engouement. « Les gens se moquent des législatives. Ce qui les intéressait, c’était les présidentielles, c’est pour ça qu’aujourd’hui, ils ne viennent pas vérifier la liste », explique un représentant d’un bas quartier d’Antananarivo. Un autre parie sur le fait que tout le monde « attend le dernier moment pour venir s’inscrire ».
Mamison Ramala, chef fokontany du sixième arrondissement de la capitale, est ovationné quand il prend la parole. Pour lui, la méthode employée n’est pas bonne : la Céni a dépensé des sommes considérables pour sensibiliser elle-même la population et ça n’a pas fonctionné.
« C’est nous qui sommes en lien avec la base. C’est nous qui aurions dû dès le début sensibiliser les gens. Actuellement, on le fait déjà : dès qu’il y a des attroupements devant le bureau, ou même lors des présentations de condoléances, on en profite pour parler des inscriptions. On fait même du porte-à-porte. On identifie les personnes qui ont déclaré durant les présidentielles que leur nom n’était pas sur la liste et on les interpelle quand on les voit pour qu’elles viennent s’inscrire. Mais il faudrait nous financer plus… »
10 000 ariary, soit 2,50€, c’est l’indemnité que touchent les chefs fokontany pour ces deux mois et demi d’aide à la Céni. Une situation qu’Aina Rakotovao, directeur des systèmes d’information de l’institution, ne peut que déplorer : « Il n’y a pas assez de ressources financières et humaines pour faire cette sensibilisation. Tout fonctionne avec l’argent : la sensibilisation, les inscriptions, l’organisation d’une élection, que ce soit la partie technique, logistique, tout est basé sur l’argent et tant que la Céni n’en aura pas assez, ça restera compliqué. »
Hier, un dernier effort a été demandé aux chefs de quartier : ouvrir leur bureau en horaire continu jusqu’au 15 février pour maximiser les chances d’inscription et espérer ainsi que la liste soit la plus complète possible pour les trois prochaines élections prévues cette année.
Pour rappel, durant la récente élection présidentielle, la liste avait été la cible de vives critiques, jugée incomplète ou incorrecte.