En RD Congo, des jeunes diplômés s’orientent de plus en plus vers des activités entrepreneuriales que de s’inscrire à l’université. Cette situation serait due au taux très élevé de chômage à travers le pays, mais aussi au manque d’orientation académique des jeunes diplômés.
En ville de Goma par exemple, des jeunes abandonnent de plus en plus les universités pour monter leur propre business. Le fait que leurs aînés qui finissent leur cursus universitaire n’arrivent pas à décrocher d’emplois les décourage. C’est le cas de Chris Ayale CEO de Kivu green, une entreprise qui œuvre dans la numérisation des productions agricoles. Ce jeune passionné des nouvelles technologies et de l’agriculture, pourtant fraîchement diplômé en informatique de gestion, s’était lancé dans le monde entrepreneurial après avoir été révolté par la façon dont les entreprises implantées en RD Congo procèdent pour recruter leur personnel.
Une expérience professionnelle d’au moins trois ans est parmi les conditions sine qua non de recrutement alors que parmi les candidats potentiels figurent des jeunes diplômés qui n’en n’ont pas. Comme tant d’entrepreneurs à travers le pays, Chris Ayale « ne voit pas le gouvernement congolais ou un partenaire quelconque du gouvernement offrir du travail aux millions des jeunes en chômage à travers le pays ». Pour lui, l’agriculture est un domaine très vaste avec une grande chaîne de distribution et de transformation. Ayale fait de son mieux pour survivre et soutenir la communauté qui l’entoure. Son rêve était d’étudier, trouver un emploi et gagner un salaire mensuel.
Que proposent les universités ?
Face à cette problématique, certaines universités cherchent à s’adapter. A l’institut supérieur des techniques de communications et de gestion ISTCG, les cours sont beaucoup plus pratiques que théoriques afin de permettre aux étudiants d’acquérir une certaine expérience avant d’affronter le monde professionnel. Comme l’explique Patient Rafiki , secrétaire général académique de l’ISTCG : « dans notre institut, pour nous mettre à la page et donner goût à nos étudiants nous appliquons la politique de plus de pratique, peu de théorie. Ainsi, dans le cadre de lutter contre le chômage de nos étudiants, nous avions intégré dans toutes les filières d’études le cours de management et entrepreneuriat pour les aider à créer des emplois une fois leurs études terminées. Chaque fin d’année académique, pendant un mois, nos étudiants se familiarisent avec le monde professionnel où ils seront appelés à œuvrer après leurs études ».
Pour la question d’orientation, au sein des universités ce programme est quasi-inexistant. Au sein de plusieurs établissements publics d’enseignement universitaire, les trois premiers jours de la rentrée académique sont consacrés aux séances de guidance des nouveaux étudiants de première année. Malheureusement, il n’y a que des autorités académiques qui défilent pour donner des conseils concernant les normes de leurs établissements. Ainsi, les étudiants prennent leurs inscriptions sans pour autant connaître les opportunités professionnelles qu’offre telle ou telle autre faculté.
Nécessité d’un programme d’accompagnement et d’orientation
A l’Est de la RD Congo, des anciens et nouveaux étudiants ont mis en place un Programme d’Accompagnement des Étudiants (PAE). Ce programme forme des jeunes étudiants dans différents domaines de la vie pratique cadrant avec leurs orientations universitaires. Il donne également des éclaircissements sur les différentes facultés disponibles dans les universités de la région.
Patrick Kanyinda , coordonnateur de Progress explique que l’orientation est très importante pour permettre aux étudiants de bien s’engager dans leurs études en vue d’une intégration professionnelle réussie. « Nous sommes dans un milieu académique et les étudiants veulent, à la fin de leurs études, intégrer un milieu professionnel ».
Progress est un cadre de concertation, de formation et d’échange entre toutes les parties prenantes du système éducatif de la RDC. C’est notamment les étudiants, les élèves, les parents, les écoles, les universités ; mis en place pour l’amélioration du système éducatif congolais.
Parmi les raisons qui font que les étudiants ne terminent pas leur cursus académique, figure la mauvaise orientation. Au moins deux sur dix étudiants s’inscrivent dans une université par imitation.
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Augustin Sadiki