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La gratuité scolaire en RDC, les défis persistent

Depuis l’instauration du nouveau système de gratuité scolaire en RDC au niveau du cycle primaire, les écoles publiques deviennent de plus en plus sollicitées. À Uvira, les effectifs dans les salles de classe gonflent, cependant les professionnels du secteur doutent de la qualité de l’enseignement.

Depuis septembre 2019, le gouvernement de la République Démocratique du Congo a lancé le système de la gratuité de l’enseignement dans toutes les écoles publiques. Cette nouvelle approche est un ouf de soulagement aux parents et à certains enseignants qui sont devenus des agents de l’État à part entière.

Gisèle Kitumaini, une mère des six enfants dont quatre étudient à l’école primaire action Kusaidia, se réjouit de la gratuité qui est venue stabiliser son foyer. Pour elle, avec le petit commerce transfrontalier qu’elle exerce, ces quatre enfants ne pouvaient pas aller à l’école compte tenu des moyens insuffisants.

“ Je devrais payer seule quarante dollars américains par mois pour l’éducation de mes enfants mais grâce à cette gratuité, mes enfants étudient dans de bonnes conditions comme tout autre enfant congolais», a dit M. Kitumaini.

Les défis sont encore là

À cette quatrième année de l’expérience de la gratuité en RDC, l’enseignement relève plusieurs défis malgré la joie des parents qui envoient massivement leurs enfants dans des écoles publiques. Les salles de classe sont devenues pléthoriques, une chose qui affecte négativement la qualité de l’enseignement de base en RDC.

“Nous avons plus de nonante écoliers que nous devons enseigner dans nos salles de classe malgré le salaire dérisoire que nous recevons de l’État congolais. Ce salaire ne répond pas aux attentes des enseignants vus le coût de la vie actuelle”. Ce directeur qui a gardé l’anonymat ajoute que cette situation rabaisse sensiblement la qualité de l’enseignement des enfants congolais.

Lire : EPST : La « prime de la gratuité » pour le mois de décembre 2021, déjà disponible dans les banques

Ce point de vue est aussi appuyé par madame Ponga Nyongolo, directrice de l’école primaire Lukula dans la ville d’Uvira.
Selon elle, les 220.000 francs congolais que reçoit un enseignant ne peuvent jamais répondre aux besoins primaires.

Cette directrice de l’école primaire des filles confirme que leurs enfants qui étudient dans les écoles secondaires payent entre 60.000FC (30$) et 90.000FC (90$) par trimestre. Avec le salaire qu’ils perçoivent, certains ne suivent pas bien les enfants avec assiduité.

Le gouvernement se félicite des pas franchis.

Cependant, en aout dernier le Ministre de l’EPST, Tony Mwaba, s’est félicité du travail déjà abattu par son gouvernement.
« Avant la gratuité de l’enseignement primaire, le nombre d’écoles était à 41 739 et 64 788 après, soit une augmentation de 23 049 équivalente à 55% », a-t-il indiqué.

Au-delà des infrastructures, le Ministre de l’EPST, Tony Mwaba, n’a pas manqué de saluer l’amélioration de l’enveloppe salariale au profit des enseignants de son sous-secteur.
« L’enveloppe salariale est passée de 70 154 552 544 avant la gratuité à 213 199 138 434 après la gratuité », a-t-il fait savoir.

Les solutions appropriées pour pallier ces défis

La gratuité étant un ouf de soulagement pour les parents, le gouvernement a un grand rôle pour garder la qualité de cette dernière. Tout doit commencer par le paiement d’un salaire décent aux enseignants, car c’est inconcevable que la prime des parents soit élevée plus que le salaire du gouvernement, réitèrent nos interlocuteurs.

Les directeurs rencontrés aux différentes écoles primaires proposent au gouvernement la construction des salles de classe et écoles pouvant convenir à ces enfants.

« C’est impossible d’encadrer plus de cinquante élèves dans une salle de classe à l’école primaire. Que le gouvernement considère ces recommandations pour améliorer la qualité de l’éducation en RDC », conclut Ponga Nyongolo, directrice de l’école primaire Lukala.

Wimana Kitungano Jean-Robert, président du syndicat national des enseignants des écoles sous convention catholique, reconnaît les efforts du gouvernement pour l’effectivité de la gratuité à l’école primaire. Toutefois, plusieurs actions restent à mener pour relever ces défis, souligne celui-ci.

« Le gouvernement a fait un geste en donnant une prime de gratuité aux enseignants mais ceci reste insignifiant. Nous restons en attente de la réalisation des promesses du gouvernement à savoir la construction des écoles et le paiement des salaires décents aux enseignants », a ajouté M. Kitungano.

Rappelons que la gratuité de l’enseignement primaire reste une politique phare promise par le président de la RDC, Félix Antoine Tshisekedi, malgré tous ces défis.

Josephine Mungubi

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