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EDUCATION

Burundi: zéro grossesse d’élèves, un rêve

Pas irréalisable. Mais, à pas de tortue. Le rapport des données sur les grossesses des élèves 2020- 2022 montre qu’il y a eu une légère diminution du nombre de cas. Ce dernier est passé de 1233 (année scolaire 2019-2020) à 1195 cas pour l’A/S 2020- 2021, malgré les efforts du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA-Burundi) visa zéro grossesse non désirée.

Les cas de grossesses en milieu scolaire diminuent légèrement, indique Bernard Nahimana, conseiller planificateur au sein du Ministère de l’education nationale et de la recherche scientifique (MENRS), pendant un atelier de revue semestriel du plan de travail annuel de l’UNFPA-Burundi, tenu ce jeudi 25 Août à Bujumbura. L’UNFPA qui prône zéro grossesse non désirée et qui aide le MENRS dans la lutte contre les grossesses des élèves est insatisfait des tendances. “Chaque fois qu’il y a un cas de grossesse en milieu scolaire, c’est un cas de trop” dixit Richmond Tiemoko, Représentant-résidant de UNFPA-Burundi, précisant que l’objectif est d’atteindre zéro.

Dans la lutte  contre ces grossesses, les parents ont un rôle primordial et incontournable, insiste B. Nahimana. Les parents sont les premiers amis de leurs enfants, Il faut qu’ils échangent sur la Santé sexuelle et Reproductive (SSR), s’explique t-il. Du moins, ce conseiller se félicite du travail des  tantes et parrains d’école. Là où ces derniers font normalement leur tâches, les cas de grossesses ont diminué, rassure-t-il. 

Pourtant, la pauvreté est dite comme premier facteur qui influence les grossesses en milieu scolaire selon ce responsable du ministère de l’Education. D’ailleurs, l’écrasante majorité des filles qui tombent enceintes étant encore sur le bas de l’école ont des parents cultivateurs (838 sur 1060 selon le rapport des données sur les grossesses des élèves 2020- 2022 du MENRS. L’ignorance et la délinquance sont aussi évoqués comme facteurs de vulnérabilité, aussi bien l’utilisation irresponsable des TIC (exploitation des contenus à caractère sexuels).

Le nombre de cas varie suivant les niveaux d’études.

Bien que la courbe générale ait une tendance descendante, les chiffres du rapport montrent qu’au niveau fondamental, le nombre de cas de grossesses des élèves est monté. Il est  passé de 375 (l’an 2020) à 438 cas (2021). Le nombre élevé de cas est enregistré dans la province de Bururi (48 cas) alors que l’an précédent, c’était la Mairie de Bujumbura qui avait le plus de cas; 73. Cette variation régionale est effet positif des sensibilisations qu’a menées le MENRS, dit B. Nahimana.

Au niveau post-fondamental, les tendances ont chuté. Les cas ont passé de 858 (2020) à 740 pour l’A/S 2020-2021. La province de Muyinga connaît un nombre élevé de cas, 75 cas; alors que pour l’A/S 2019-2020, la province de Muyinga venait à la tête avec 114 cas de grossesses en milieu scolaire.

Des différences suivant les statuts  des écoles et programmes d’études.

Le rapport montre en outre que le plus grand nombre de cas se remarque dans des écoles publiques que dans les écoles privées et sous-convention. Les écoles publiques sont d’ailleurs les plus nombreuses que toutes les autres catégories.

Les adolescentes rurales sont les plus victimes.

Les filles qui poursuivent la section Langue sont nombreuses sont les plus touchées par les grossesses. Aussi, les élèves ayant l’âge compris entre 16 et 19 ans sont les plus visés. ( Graphique: Nombre de grossesses des élèves au fondamental par tranche d’âge et par année, depuis l’A/S 2016-2017 à l’A/S 2020-2021.

Selon ce rapport, les grossesses des élèves prolifèrent tant en milieu rural qu ‘urbain. Durant l’A/S 2020-2021, un effectif de 1020 élèves du milieu rural ont eu des grossesses contre 97 qui étudiaient dans les villes.

Des grossesses aux auteurs non identifiés

De plus, en majorité,  les auteurs de ces grossesses ne sont pas identifiés. Mais, pour la plupart, ce sont des élèves copains ( 102 sur 372 cas) selon ce rapport du ministère de l’Education. Encore, même au cas ou l’auteur est identifié, peu sont des auteurs traduits en justice. Des 372 cas, 287 auteurs n’ont eu aucune mesure prise contre eux.

Leur place n’est pas dans la maternité, mais à l’école.

“La place d’un élève n’est pas dans la maternité. Elle est à l’école », renchérit Richmond Tiemoko, représentant-résident de UNFPA-Burundi. Ce dernier indique que cette agence onusienne appuie le ministère de l’Education dans la documentation de tous les cas de grossesses d’élèves et dans la promotion de l’éducation à la sexualité responsable. Ici, il cite des projets comme la campagne “ zéro grossesse en milieu scolaire”, l’instauration “des tentes et parrains de classe”, etc que l’UNFPA appuie dans le but de la bonne santé sexuelle et reproductive (SSR) de ces jeunes et adolescents.

Lire : Grossesses précoces en milieu scolaire au Gabon

Pour que ces enfants accèdent à toutes les informations utiles en rapport de la SSR, le représentant-résident de l’UNFPA-Burundi les invite à fréquenter les “centres de santé amis des jeunes”.  Puisque ces derniers sont conviviaux aux jeunes, dit-il, ils (les jeunes) peuvent y avoir des informations leur permettant d’éviter des grossesses non désirées. 

Signalons qu’après une année scolaire, suivant le règlement scolaire en vigueur, la fille-mère peut réintégrer l’école. Mais, seulement 150 filles-mères ont réintégré l’école pendant l’A/S 2020-2021. La plus grande surprise est qu’une fois renvoyé, les garçons-pères ne réintègrent pas l’école. Sur 73 garçons renvoyés suite à ce forfait durant l’A/S 2019-2020, seulement 3 ont réintégré l’école l’année suivante. Pourquoi?

Rédaction

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