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Burundi: vers l’introduction du SMIG

Les fonctionnaires du Burundi pour le SMIG
Depuis 1988, les fonctionnaires burundais attendaient sa mise en exécution. Cette fois-ci c’est une réalité, confirme un cadre au ministère de la fonction publique, tout en précisant que les textes accompagnant les mesures d’application du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) au Burundi, sont en cours de préparation. Cependant, une organisation de la société civile a encore des doutes sur son employabilité pour un pays dont plus de 80% de travail sont dans l’informel.

Sans mâcher les mots, Hemedi Rubungenga, conseiller à la direction générale du travail et de l’emploi, fait savoir que les procédures de la mise en pratique du texte d’application du SMIG sont en avance. Pour être plus concret, il ajoute qu’une analyse de la fixation du seuil de salaire doit être faite en se basant sur le coût de la vie pour le panier de ménage. Ainsi, les secteurs public et privé vont se conformer suivant les règles que ce texte va imposer surtout en matière du droit de travail. 

Pour B. Ny, fonctionnaire de l’État depuis plus de 20 ans, âgé de 59 ans, explique que le SMIG n’a jamais été mis à exécution depuis 1988. “ J’ai été engagé en 2000 comme fonctionnaire avec un salaire de base de 80 mille mais je suis reconnaissant que dans ce salaire,  l’État trouvait un moyen de cotiser pour l’ employé dans la sécurité sociale et octroyait même la carte d’assurance maladie (mutuelle)”. 

Ce père de 4 enfants précise  que le salaire grimpe au fur et à mesure grâce à des primes et les avantages y compris la pension complémentaire. On peut aussi contracter un crédit dans une banque.

Au Burundi le salaire horaire est calculé en référence de 8h par journée de travail à 25 jours de travail effectif  pour le salaire mensuel et à 12 mois pour le salaire annuel. La rémunération mensuelle doit être au minimum égale  à 200 fois, le salaire horaire minimum.

En quoi consiste le SMIG?

C’est le salaire en dessous  duquel un travailleur  ne peut être engagé ni employé. Il est calculé de manière à assurer  le niveau de vie convenable en vue de satisfaire les besoins fondamentaux à savoir se nourrir, se vêtir, se loger, s’habiller et se faire soigner.

D’après le site web votre salaire.org/bi, le SMIG en vigueur  a été fixé par l’Ordonnance Ministérielle N°650/11/88 du 30/04/1988. Il  est de 160 F/jr dans les centres  urbains de Gitega et Bujumbura et 105 FBU/jour en milieu rural. Sur ce SMIG, M. Hemedi précise que les textes de ce temps sont encore valables jusqu’à ce que le nouveau texte soit élaboré et mis en exécution.

OIT définit les avantages du SMIG 

Les avantages du salaire minimum interprofessionnel garanti sont définis suivant les conventions 102 et 131 de l’Organisation Internationale du Travail(OIT).

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Selon l’OIT, la convention 102 concerne la sécurité sociale. Cela constitue le seul instrument international fondé sur des principes essentiels de la sécurité sociale qui établit les normes minimales convenues à l’échelle mondiale. La sécurité sociale garantit les soins médicaux; les indemnités en cas de maladie; les prestations de vieillesse, en cas d’accident du travail et de maladies professionnelles; les prestations aux familles, de maternité, d’invalidité et de survivant.

La convention 131 s’énonce comme suit : Il faut cependant tenir compte des dispositions relatives au champ d’application du système de salaire minimum, qui, en vertu de la convention, doit viser “ tous les groupes de salariés dont les conditions d’emploi sont telles qu’il serait approprié d’assurer leur protection”.

PARCEM voit le SMIG d’un autre oeil

Le patron de la société civile parole et action pour le réveil des consciences et évolution des mentalité (PARCEM), Faustin Ndikumana, explique que quand plus de 80% des emplois sont dans l’informel et un peu plus de 10% se trouvent dans le formel,  il est difficile qu’un texte sur le SMIG puisse se mettre en pratique dans un pays pauvre dont le PIB est moins de 300 $ américain par habitant. 

Pour lui, le SMIG n’est pas nécessaire, parce que le pays enregistre un taux d’inflation incontrôlable voire même exorbitant d’où la grande partie de l’économie est dans l’informel avec un taux de salarisation de moins de 10%. Dans ces circonstances, il est difficile de maîtriser les revenus des gens. 

Le PARCEM martelé que le gouvernement ne peut pas imposer le SMIG aux entreprises privées. “ Vous ne pouvez pas donner un emploi à quelqu’un tant que vous ne pouvez pas payer cette somme.  C’est impossible, car pour ces entreprises, c’est la libre signature du contrat,  tu prends ou tu laisses ou bien vous exercez le travail en temps limité ou même vous cherchez ailleurs.” Il continue à signaler qu’il n’y a pas de règles pour qu’un SMIG puisse être mise en place dans le pays. 

La société civile PARCEM lance un appel vibrant au gouvernement pour relancer l’économie afin d’augmenter la croissance économique, de construire des infrastructures pour développer tout l’ensemble du pays.

Signalons que le salaire mensuel est calculé en multipliant le salaire  hebdomadaire s’il est disponible par 4,33. Si le salaire horaire est disponible, il est multiplié par le nombre d’heures de travail hebdomadaires standard, puis par 4,33.

A lire aussi : Salaires minimums – Burundi

Blandon Uwamahoro

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