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Burundi : les pêcheurs et les commerçants des poissons sont en désarroi

Le 15 mai 2023 est la date butoir de la suspension de toute activité de pêche sur le lac Tanganyika. Une décision émanant de l’autorité du lac Tanganyika mais contestée par les pêcheurs, vendeurs des poissons et des femmes qui fournissent des aliments aux pêcheurs.

A dix jours de l’application de la mesure portant la suspension des activités de pêche sur le lac Tanganyika, la rédaction de Le Journal. Africa s’est rendue au lac pour s’enquérir de la situation. Les navires  sont conservés au bord de la rive. Les pêcheurs sont réunis dans de petits groupes. Sur leurs visages, se lit un sentiment de désespoir suite à la décision prise par l’autorité maritime portant la suspension des activités de pêche pendant une période de trois.

Cette mesure n’épargne pas les femmes qui exercent les activités génératrices de revenus au port de pêche sise à Kajaga en commune Mutimbuzi, province de Bujumbura.

Liberté Ndarurinze,  âgée de 64 ans,  vendeuse des aliments au port de pêche de Kajaga pendant 28 ans, déplore le fait que le gouvernement n’avait pas mis en place les activités génératrices des revenus qui pourront occuper les pêcheurs durant cette période.  

« Le gouvernement n’a pas montré les activités que feront pendant la  période de la fermeture de pêche nous les femmes et  les  hommes dont l’activité quotidienne est la pêche », déplore-t-elle.

Mme Ndarurinze souligne que certaines femmes qui exercent les activités de la commercialisation des aliments et des poissons au port de pêche à Kagaga sont des veuves. Une fois la mesure sera appliquée, certaines vont se livrer  non seulement à  l’adultère, mais aussi au vol.

Pour Estella Singirankabo, la commercialisation des poissons est le seul gain de pain. «Nous vivons grâce aux activités  de pêche. Suspendre cette activité pendant trois, c’est mettre nos familles en péril», implore Estella Singirankabo.

Mon mari était pêcheur, explique-t-elle, et est mort il y a dix ans. Elle m’a laissé dix  enfants. Le fils ainé étudie en 1re année de post fondamentale et le cadet est en 4e année. Pendant 10 ans sans mari, mes enfants n’ont  pas manqué les frais de scolarité et d’achat de denrées alimentaires. Avec  la suspension de la pêche, les enfants abandonnent leurs écoles pour devenir mendiants ; et d’autres seront atteints de la kwashiorkor. Notre vie sera perturbée. 

A lire : UVIRA et FIZI-RDC : la mesure portant la suspension de la pêche dans le lac Tanganyika légèrement piétinée

La production du poison est périodique

La production du poisson  dans le lac Tanganyika augmente aux  mois  de juin, de juillet,  d’août et de septembre tandis qu’aux mois de janvier  et février elle diminue. Les  clients ne sont plus nombreux, indique Nintunze spes, une commerçante du poisson sec au marché Cotebu.  

« Le poisson coûte très cher.  Un kg de poisson s’obtient à  65 000 BIF.  Elle écoule une quantité comprise entre 15 et 20 kg par jour. Le bénéfice est estimé entre 20 000  et 70 000 BIF », dit-elle.

Pour elle, le motif avancé par l’autorité du maritime n’a pas de fondement. La suspension de pêche pendant trois n’aboutira pas à l’augmentation de la production car  la production du poisson est périodique, explique-elle.

Étienne Gahungu, propriétaire de 4 bateaux de pêcheurs, recommande aux autorités de l’autorité maritime  de laisser les  pêcheurs continuer leurs activités.

Philippe Ciza, président du port de pêche de Kajaga fait savoir que le port de kajaga compte plus de  deux mille personnes constituées par pêcheurs et des vendeurs de poissons. Il affirme que les activités de pêche se poursuivent comme  à la coutume.

A lire aussi : Le lac Tanganyika sera-t-il fermé à la date fatidique du 15 mai ?

Pacifique Gahama        

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