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ENVIRONNEMENT SÉCURITÉ

Burundi-Gatumba: la construction des digues au littoral du lac Tanganyika et de la rivière Rusizi s’impose

Délogés de leur milieu depuis plus de trois ans par des inondations de la rivière Rusizi et du lac Tanganyika, les déplacés de la zone Gatumba sont toujours dans les désarrois. Le malheur ne vient jamais seul, la nuit du 05 mai dernier, a été longue pour ces sinistrés dont leur site de Kinyinya II inondé par les eaux. Pour eux, la construction des digues sur le littoral du lac Tanganyika et de la rivière Rusizi, serait une solution durable.

Pour la 3e année, la zone de Gatumba est sauvagement dévastée par les inondations dues à la pluie torrentielle. Avec une trêve en 2022, ces débordements ont délogé depuis 2020 plus de 1 550 ménages. Pour cette année 2023, les eaux ont monté jusqu’à inonder le site des déplacés de Kinyinya II, un grand site de personnes déplacées au Burundi en termes d’effectifs.

Éparpillés aux différents endroits non touchés de la même zone de Gatumba où ils s’installent, ces sinistrés réclament la construction des digues au littoral du lac Tanganyika et de la rivière Rusizi.

« Nous avons tant de problèmes. Aidez-nous, nous vous remercierons. …construisez-nous la digue! Nous demandons la digue! Nous voulons voir la digue, nous vous remercierons », implore Vanessa Habonimana, mère de sept enfants originaire du quartier Mushasha I.

Brigitte Niyokwizera, une femme qui frise la cinquantaine, dénonce les déplacements répétitifs tout en réclamant la construction des digues. « En grande partie ce que nous demandons, construisez-nous cette digue car nous sommes fatigués tout le temps nous déplacer avec les bagages sur les têtes», déplore-t-elle.

Contacté le groupe de presse Iwacu en septembre 2022, le Président de la Plateforme Nationale pour la prévention des risques et la gestion des catastrophes et Directeur général de la Protection civile, Anicet Nibaruta, avait indiqué que les activités de construction des digues auraient commencé au mois d’octobre 2022. Mais jusqu’à maintenant, le silence est absolu. 

Réponse humanitaire d’urgence coordonnée

La nuit du 05 mai, le site de Kinyinya II a été dévasté par la montée des eaux de la rivière Rusizi. Difficile de dormir pendant que l’eau  entrait dans les tentes. Tout le monde s’est réveillé et se précipitait à déménager, témoigne Afwa Nahonizigiye, une femme déplacée du site de Kinyinya II rencontrée au site de Sobel où elle a été délocalisée.   

Suite à cette inondation qui a fait l’exception cette année 2023, les membres de la Plateforme Nationale de Prévention des Risques et Gestion des Catastrophes se sont de nouveau réunis à Bujumbura le 10 mai afin de statuer sur une solution d’urgence. A l’issue de cette rencontre, il a été décidé de relocaliser les déplacés du site de Kinyinya II vers Sobel.

En effet, l’OIM travaille en étroite collaboration avec le gouvernement du Burundi et les acteurs humanitaires pour assister les populations affectées. Elle a commencé à construire 215 abris d’urgence dans le site de Sobel et s’apprête à distribuer 408 kits d’hygiène et de produits de première nécessité aux personnes déplacées grâce au soutien du Bureau des Affaires Humanitaires des Etats-Unis. 

« Nous construisons actuellement 215 abris d’urgence supplémentaires. Nous prévoyons également la distribution des articles non alimentaires pour assister les personnes plus impactées », a déclaré Vijaya Souri, Cheffe de mission de l’OIM Burundi lors d’une interview accordée à Le Journal.Africa.   

La Croix-Rouge du Burundi a également facilité la délocalisation de plus de 193 ménages vers le site de sobel.  « La Croix-Rouge étant toujours à l’avant-garde de réponse au niveau des urgences, elle s’est précipité de sauver la vie d’au moins 100 ménages installés ici et 93 autres qui sont installés dans l’anciens abris », renseigne Désiré Bundoyi, expert national en préparation et réponse aux urgences  à la Croix-Rouge du Burundi.

Du site de Kinyinya II vers le site de Sobel, une relocalisation silencieusement contestée

Rencontrés dans leurs anciens abris où elles campent, certains sinistrés ne veulent pas quitter Gatumba vers Maramvya se trouvant le site Sobel. Ils dénoncent les mauvaises conditions de vie et manque d’opportunité pour s’en sortir en cas de retard d’assistance.

« Ici ça nous facilite la vie car tu peux louer un champ, tu cultives et les enfants reçoivent de quoi manger. Mais là-bas,  c’est cher. Tu peux même avoir un petit capital  par exemple 10 000 BIF, tu achètes de petits trucs et tu vends afin d’avoir la ration des enfants », mentionne Emeline Horicuba, une mère de 3 enfants.

« Nous ne pouvons pas partir au Sobel, nous n’y allons pas », précise Vanessa Habonimana.

Fin avril, l’OIM a assisté d’un soutien financier pour 3 mois de loyer 319 ménages des déplacés touchés par les inondations du mois d’avril; et 250 ménages déplacés ont reçu des kits d’articles non alimentaires et d’hygiène grâce au soutien du Bureau des Affaires Humanitaires des Etats-Unis.

Les catastrophes d’origine climatique sont responsables de 89 % des déplacements au Burundi selon les derniers chiffres de la Matrice de suivi des déplacements, DTM. On estime que 10 000 personnes ont été touchées et déplacées par les inondations du début du mois de mai dans la zone de Gatumba, faisant suite à d’autres déplacements dans la même zone à cause d’inondations en avril.

Prosper Aobe

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