Au Burundi, le harcèlement sexuel est encore observé dans le milieu scolaire. Les responsables de certains établissements scolaires sont les plus cités et les élèves sont les victimes en échange de points. La SOJPAE s’insurge contre cet outrage sexiste qui porte atteinte à la dignité de l’éducation au pays et appelle les élèves à la dénonciation des auteurs.
La Solidarité de la Jeunesse chrétienne pour la Paix et l’Enfance (SOJPAE) révèle avoir enregistré plus de 300 cas de harcèlement sexuel dans une année scolaire. Ces derniers concernent les jeunes filles issues de différentes écoles secondaires en provinces et celles de la mairie. Pour David Ninganza, président de la SOJPAE, les principaux auteurs de ces agressions sexuelles sont les directeurs des établissements publics ou privés, les professeurs et encadreurs.
Actuellement on observe un autre phénomène où cette fois-ci les garçons interviennent pour assurer l’intermédiaire entre leurs camarades filles et les enseignants, s’indigne M. Ninganza.
“Mon encadreur m’a touché sur les parties intimes”
Raconte son histoire sous l’anonymat, une jeune fille de 21 ans. C’était en 2020, à ce moment j’avais 19 ans. Je venais juste d’être orientée en première année dans la section scientifique du lycée de la province de Mwaro.
Un jour je souffrais du paludisme, et l’encadreur est venu vers moi et il m’a demandé de m’accompagner jusqu’au dortoir, chose que j’ai acceptée comme je n’avais pas de force pour me tenir debout pendant longtemps. Après être arrivé dans le corridor de l’entrée du dortoir, il a commencé à me caresser avec insistance sur les parties intimes (seins) et je lui ai demandé de me laisser tranquille, et c’est après quelques minutes de dispute qu’une élève de ma classe est venue pour voir comment j’allais et a trouvé mon encadreur en train de me harceler. Il a dû arrêter et c’était un choc d’observer un tel comportement d’une personne censée nous aider.
Les harcèlement sexuel tue l’éducation
Pour M. Ninganza, les élèves harcelés ont près de trois fois plus de risques de se sentir ostracisés parmi les autres camarades que ceux qui ne le sont pas, et ils ont deux fois plus de risques de manquer les cours. Habituellement, les élèves harcelés réussissent moins bien. On observe que plus ils sont harcelés, plus leurs résultats sont mauvais, a ajouté le président de la SOJPAE. Comparés aux autres élèves, les jeunes filles fréquemment harcelées abandonnent plus souvent leur éducation formelle dès la fin de leurs études secondaires et certaines élèves sont engrossées par ces enseignants.
Le plaidoyer de Sojpae face à ce phénomène dangereux
La SOJPAE fait savoir au gouvernement qu’il faudra un encadrement au niveau des directions des écoles publiques dans les régimes à internat car ils s’avèrent que la plupart des harcèlements se font dans ces écoles. M. Ninganza interpelle la justice d’intervenir contre tous les auteurs de harcèlement sexuel car ceux-ci sont des criminels. Ils détruisent la vie des enfants du pays. Les élèves garçons devraient aussi arreter immediatement de venir en aide à ces violeurs dans la facilitation du harcèlement sexuel contre leurs soeurs mais ils doivent plutot défendre leurs soeurs contre ces predateurs.
Les arrangements à l’amiable
Ajoutons que les arrangements à l’amiable entre un auteur du viol et sa victime ne sont pas autorisés par la loi et sont punis par le code pénal à son article 31 avec une peine de cinq à dix ans d’emprisonnement et une amende de cinquante mille à cent mille francs burundais.
Cette pratique est définie par la loi n° 1/13 du 22 septembre 2016 portant prévention, protection des victimes et répression des violences basées sur le genre qui est en vigueur actuellement au Burundi. C’est dans l’article 35 de ce code qui stipule que toute personne reconnue d’exploitation sexuelle (harcèlement sexuel, et autres) est punie d’une servitude pénale de cinq à dix ans. La peine est portée de 15 ans à 30 ans si la victime est mineure ou une élève.