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Que se passe-t-il dans un pays où il n’y a pas de femmes au parlement ?

« Il n’est pas normal que nous ayons des taux aussi élevés de violence contre les femmes. Il n’est pas normal que nous n’ayons pas de femmes dans le processus de prise de décision », dit Yasmin Bjornum, militante pour l’égalité des sexes au Vanuatu.

Le parlement de son pays – un État composé de 80 îles qui s’étendent sur 1 300 kilomètres, dans l’océan Pacifique – compte 52 membres.

Ce qui est inhabituel, c’est qu’à l’heure actuelle, ce sont tous des hommes, ce qui en fait l’un des trois pays du monde qui ont un parlement entièrement masculin.

« Nos enjeux et nos priorités ne sont pas du tout représentés au sein de l’instance de décision le plus élevé du pays », explique Mme Bjornum.

C’est ainsi qu’elle a lancé une plateforme en ligne appelée « Sista » en 2016, dans le but d’informer les femmes de on pays, et dans l’espoir que d’autres s’en inspireront et se joindront à elle.

Pourquoi est-ce si difficile de changer les privilèges masculins?

Les femmes vanuatuanes, qui veulent entrer en politique, se heurtent à une myriade d’obstacles, principalement parce que les conseils traditionnels jouent encore un rôle important dans la société, en particulier dans les zones rurales où vit la grande majorité de la population.

Ces conseils sont dirigés par des hommes connus sous le nom de chefs, qui désignent également les personnes choisies pour se présenter aux élections parlementaires.

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« Tous les partis politiques sont dirigés par des hommes. Ils choisissent les candidats, qui sont ensuite élus. Et le parlement est simplement dominé par les hommes », déclare l’ancienne députée Hilda Lini.

Mme Lini a été la première femme du Vanuatu à être élue au parlement en 1987 – elle a siégé pendant 11 ans, en trois mandats – et est l’une des cinq femmes à avoir occupé un tel poste dans le pays.

Elle affirme que le manque de femmes aux postes de décision a un impact négatif sur le pays : « Il a fallu neuf ans aux hommes pour élaborer la loi sur la protection de la famille au Vanuatu – la loi qui traite de la violence familiale – et elle n’est toujours pas appliquée correctement. »

D’ailleurs, les deux autres pays qui n’ont pas de représentation féminine dans leur parlement sont aussi des nations insulaires de l’océan Pacifique : les États fédérés de Micronésie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Travailler pour mettre fin aux inégalités

Mais les femmes du Vanuatu s’efforcent maintenant de mettre fin aux inégalités sociales et économiques entre les sexes.

« Nous avons des valeurs chrétiennes très fortes. Les hommes se croient chefs de famille, et les femmes jouent des rôles secondaires, dit Mme Bjornum. Il y a beaucoup de rhétorique contre les femmes au parlement. »

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Un journaliste de la BBC qui s’est rendu dans la région affirme qu’il est courant pour les hommes de confisquer les revenus des femmes.

Selon les données de la Banque mondiale (2017), seulement 60 % de la population ont accès à l’électricité, et un tiers des enfants a une croissance réduite en raison de la malnutrition.

L’institution financière soutient que la correction des inégalités entre les sexes est vitale pour la croissance et les projections futures du pays.

Violencescontreles femmes

Vanuatu a une population d’environ 275 000 habitants et un taux élevé de criminalité contre les femmes.

« Une fille sur trois a été victime d’une forme quelconque d’agression sexuelle avant l’âge de 15 ans », dit Mme Bjornum, ajoutant que « 60 % de la population carcérale est là pour avoir commis un crime sexuel, et dans 90 % des cas, les victimes étaient connues de l’auteur ».

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Selon Mme Bjornum, 98 % des agressions sexuelles ne sont jamais portées devant les tribunaux – et celles qui le sont sont souvent en partie traitées par ce que l’on appelle localement la « réconciliation coutumière » : si l’auteur offre un cadeau (comme des cochons), la peine est réduite.

« Si vous ne soutenez pas l’égalité des sexes, le pays ne changera jamais. Mais la tradition est si forte au Vanuatu », dit-elle.

La politique de l’avenir

Mais il pourrait y avoir des changements.

Il y a un groupe de femmes âgées qui essaie de changer le statu quo en créant le premier parti entièrement féminin du Vanuatu : le Leleon Vanua Democratic Party.

Le parti, dirigé par Hilda Lini, se présente aux élections générales de 2020 et fait campagne pour que 50 % des sièges parlementaires soient réservés aux femmes.

« Nous devrions essayer de mettre en œuvre les droits fondamentaux dans la Constitution afin de permettre aux hommes, aux femmes et aux personnes handicapées de participer « , dit-elle.

Le parti espère qu’au moins une demi-douzaine de femmes se présenteront comme candidates.

Liberté de vote

Par le passé, on savait que les femmes votaient selon les instructions des membres masculins de la famille.

« Nous disons à une femme que voter est secret. C’est votre décision. Vous n’êtes pas obligée de le dire à votre mari ou à qui que ce soit « , affirme Lini.

Clare Beckton, qui fait partie du programme Advancing Women in Leadership Program de l’Université Carleton à Ottawa, au Canada, estime que « si vous excluez 50 % de la population au gouvernement, cela signifie que vous n’obtenez pas les bons commentaires sur aucune question ».

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Mais seulement trois pays dans le monde comptent plus de 50% de femmes au parlement, selon les données de l’Union interparlementaire : Le Rwanda (61%), Cuba (53,2%) et la Bolivie (53,1%).

Le principal défi de Vanuatu sera de surmonter les valeurs traditionnelles – qui ont relégué les femmes au second plan.

Espoir pour l’avenir

Selon les observateurs locaux, les femmes de tous âges ont indiqué qu’il y a un appétit pour le changement en politique et dans la société, mais ce sont les aînées qui dirigent la réforme.

« Ce sont elles qui sont les mieux placées pour le faire. Elles s’engagent auprès des femmes plus jeunes « , souligne Yasmin Bjornum, ajoutant que « les femmes plus âgées à l’avant-garde du mouvement des femmes permettront aux hommes d’être plus réceptifs « .

Lini est convaincue qu’il est temps de changer, et sa vision est claire : « 50% du parlement devrait être composé de femmes. Les femmes devraient avoir leur mot à dire dans l’élaboration des lois du pays. »

Cette pièce a été adaptée de l’émission de radio Business Daily de la BBC et produite par Vivienne Nunis et Sarah Treanor.

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