Dans le cadre de notre série de lettres de journalistes africains, le spécialiste de la technologie Andile Masuku examine ce que le lancement de la crypto-monnaie de Facebook pourrait signifier pour l'Afrique.
Dès le début de l'année prochaine, Facebook a l'intention de permettre à ses deux milliards d'utilisateurs - dont plus de 139 millions en Afrique - d'effectuer des paiements numériques via ses applications et son populaire service de messagerie WhatsApp en utilisant une nouvelle crypto-monnaie appelée Libra. Lire aussi : Akon lance une crypto-monnaie Jusqu'où ira la folle envolée des monnaies électroniques? Cela pourrait avoir de profondes implications pour un continent qui reçoit un montant énorme de transferts de fonds - et qui est l'une des régions du monde les moins bancarisées, ce qui a permis à d'autres innovations comme les paiements mobiles money de prendre racine en Afrique. En tant que Zimbabwéen vivant en Afrique du Sud, je suis devenu insensible au vol qui s'ensuit chaque fois que je reçois de l'argent de l'étranger ou que j'envoie de l'argent à ma famille dans mon pays. En tant que tel, comme beaucoup d'autres pragmatiques prudents, je me réjouis de la perspective qu'un réseau comme Libra perturbe de façon permanente les activités lucratives de transfert de fonds des grandes banques et des services de transfert d'argent comme Western Union et MoneyGram. Lire aussi : Panne géante à Facebook, WhatsApp et Instagram Comment Facebook est utilisé pour tuer des "gangsters" Selon un rapport de la Banque mondiale publié l'année dernière, le coût de l'envoi d'argent liquide en Afrique subsaharienne était au moins 20 % plus élevé que dans toute autre région du monde. Le rapport révèle que l'envoi de 200 $ à destination et en provenance de la région au cours du premier trimestre de 2018 coûte la somme faramineuse de 19 $. Mais nous ne devons pas être naïfs face à la myriade de facteurs responsables du maintien des inefficacités du marché et de la gestion active des complexités économiques que des sociétés comme Western Union exploitent avec beaucoup d'efficacité. Le fait est que de nombreux gouvernements en Afrique ont permis ce statu quo de l'industrie des transferts de fonds et en sont venus à compter sur le fait que leurs coffres sont remplis de recettes liées aux transferts de fonds.