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Université du Burundi : l’icuma agonise !

Très peu d’étudiants fréquentent aujourd’hui les restaurants universitaires, icuma dans le jargon universitaire. Cela est dû aux conditions d’obtentions instaurées avec la venue du prêt-bourse.  Les étudiants logés dans les homes sont alors confrontés à un système D qui n’est pas des plus faciles.

Campus Mutanga, 18 heures passées. Devant le restaurant universitaire, de petits groupes d’étudiants se forment petit à petit. À cette heure, ceux qui sont logés dans les homes viennent des auditoires et regagnent leurs chambres. Ils devisent sur tout et rien. 

Des discussions sur les résultats d’un match par ici, des critiques envers un professeur ennuyeux par là. Un sujet brille par son absence, la nourriture servie dans l’icuma. Ce lieu important dans l’imaginaire des étudiants de l’université du Burundi n’est que l’ombre de ce qu’il a été. Autrefois bondé, il n’y a que deux tables sur lesquelles quelques « Poilissimes » prennent le repas du soir.

Cette scène a beau être banale aujourd’hui, il en était totalement différent il y’a quelques années. « À cette heure-ci, c’était très vivant et très mouvementé, les étudiants s’y rencontraient pour vendre ou acheter des cartes de restauration », explique Jean Claude, un lauréat de la faculté des sciences qui vend des unités de recharge téléphonique sur les lieux.

La carte de restauration, jadis facilement trouvable est devenu aujourd’hui une rareté. Avec l’instauration du système de prêt-bourse, la formule proposée pour la restauration n’est pas du goût des étudiants. « Pour avoir la carte de restauration, il faut accepter une coupe de 50.000 BIF sur une tranche de 60.000 BIF. Ajoutez à ça la tenue de compte, les frais de la mutuelle et 7.000 BIF du logement, il ne vous reste rien », regrette Pascal, un étudiant en Droit.

Les conditions de vie deviennent de plus en plus dures

Pour faire face à cette situation, les « Poilissimes » sont condamnés à un jeu d’équilibriste financier. Ils choisissent de percevoir la totalité de la bourse et se passer des services de l’université. L’alternative est de se rabattre sur les petits restaurants se trouvant dans le quartier Nyakabiga 3.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres, dit-on. À19 heures, sur la cinquième avenue, le restaurant dit « Kwa Muturage » est plein à craquer. Il y fait très chaud, la cuisine est à quelques mètres des tables. On entend le son des louches racler les marmites. Les longues files d’attentes qui se formaient dans le restaurant universitaire se sont déplacées chez Muturage. « Ici, nous sommes servis à un prix académique (bas prix) », jubile un étudiant.

Le prix académique, on le retrouve aussi chez un autre tenancier dont le restaurant est prisé des « Poilissimes », Chez Ndimbati, au niveau de la neuvième avenue. Il est l’un des rares restaurants qui n’ont pas été détruites dans la vague de démolition des constructions anarchiques de la mairie de Bujumbura. L’exigüité et la chaleur rappellent chez Muturage. Ici, on trouve une assiette à 500 BIF. Abordable pour les étudiants. Pour Jules, un d’eux qui y est abonné, « c’est mieux que de payer 50.000 BIF pour un repas offert par l’université qui ne varie jamais de janvier à décembre».

Bien qu’ils se soient tournés vers ces petits restaurants, les étudiants contactés souhaiteraient une révision des critères pour avoir la carte de restauration. Avec les retards du prêt-bourse, disent-ils, ils se retrouvent en train de consommer de très petites quantités de nourriture ou de manger une fois la journée pour économiser le peu qui leur reste.

 

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