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POLITIQUE

Opposition burundaise : un silence assourdissant

Au lendemain des rendez-vous électoraux de 2020, la voix de l’opposition s’est presque éteinte. Ils sont nombreux à penser que, hors des visées électoralistes, les opposants ne s’intéressent que rarement aux enjeux du moment ou au vécu quotidien de la population. Une situation qui semble interpeller ce blogueur de Yaga.

Ce n’est pas au Burundi où l’on dira qu’on n’a jamais vu l’opposition politique à l’œuvre. D’ailleurs,  à un moment, toutes les voix discordantes étaient taxées  d’ «opposants ». Je nomme les syndicats, la société civile, les médias et j’en passe. Mais ça, c’était dans le passé, car, par les temps qui courent, ils sont nombreux à remarquer le silence ou l’absence de critique de l’opposition.  

Tentons d’y voir clair. Après mai 2020, rares sont ces voix de l’opposition à se faire entendre. Que ce soit dans les médias, encore moins au parlement, le discours de l’opposition est d’un silence pesant. Or, le fonctionnement d’une démocratie est conditionné par l’existence des voix discordantes surtout en ce qui concerne la vie du pays.

Libellée ainsi, la remarque aurait tendance à être adressée aux grands ténors de l’opposition burundaise. Mais elle vise aussi tous les partis politiques qui se réclament comme telle. Car, eux aussi, leur voix se fait de moins en moins entendre. Sur des enjeux importants de la vie nationale, on ne peut vraiment dire que leur discours bat son plein.

Une opposition absente là où elle était attendue

Je vous le concède tout de même, dans certaines situations, une petite voix de cette opposition (moins bruyante) est audible, lisible. À titre illustratif, un petit tour sur le compte Twitter du parti d’Agathon Rwasa pour le voir. Si cela apparait comme une bonne démarche en politique, le fait est que ce moyen de communication ne concerne qu’un aspect : les activités politiques de ce parti. Les sujets plus épineux et plus préoccupants pour le petit peuple sont absents. Les autres formations politiques de l’opposition, elles aussi, ne sont pas nombreuses à s’intéresser aux enjeux du moment, en dehors de la sphère politique. 

De façon illustrative, sur une urgence mondiale comme celle de la Covid-19, nous avons rarement entendu la position des acteurs de l’opposition quant à sa gestion au Burundi. Il serait difficile de nier que sous d’autres cieux, des problématiques pareilles qui engagent la vie du pays intéressent les politiques de tout bord.

Se réapproprier les problèmes du pays

Toujours dans l’actualité, la commission vérité et réconciliation (CVR) procède en ce moment à la révélation des fausses communes consécutives à la crise de 1972. Cette commission sillonne tout le pays pour les besoins de cette cause. Mais ici également, l’opposition brille par son absence. Il va sans dire que le travail de cette commission est tout aussi important, si on tient compte de l’histoire du Burundi. En effet, il affecte positivement ou négativement (c’est selon), la vie du pays. Qui n’aurait pas voulu entendre ce qu’en pensent nos opposants ?

La contribution, à travers la critique, vaut aussi dans le domaine économique. Dans un pays aux milles problèmes d’ordre économiques, il est pour le moins surprenant de constater que le débat n’y est pas. Qu’un vote du budget de l’Etat (c’est n’est qu’un exemple parmi tant d’autres) ne suscite pas de débat est pour le moins atypique. Il est vrai, au niveau de l’Assemblée nationale, cela se discute (les plus sceptiques diront que ce n’est pas la peine, les lois passent comme des lettres à la poste) mais il faut dire que ce n’est pas à la mesure de l’enjeu. Les politiques ne s’approprient pas la question pour pouvoir la soumettre à la critique. 

On est loin d’ignorer les conditions délicates dans lesquelles opèrent les politiques burundais depuis des années. Mais il serait important de souligner tout de même que nos politiques ne sont habitués qu’à ne réagir que sur des questions purement politiques. Ceci alors que la vie d’un pays est une somme de plusieurs aspects. Alimenter ou sinon contribuer à améliorer un débat sur des problématiques auxquelles le Burundi est confronté serait aussi une bonne stratégie pour continuer à vivre politiquement, c’est-à-dire faire valoir sa position et ses  idéaux en dehors du cadre électoral.

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