Huit mois après les élections générales de 2020, beaucoup de choses se sont passées. Et beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Entre avancées et défis, quelle lecture faut-il faire de la situation politique au pays de Ntare ? Le point.
Elles ont été relativement contestées par une partie des candidats, mais l’on a vite fait de s’en accommoder. Elles, ce sont les dernières élections de 2020 qui ont porté au pouvoir le candidat du parti de l’aigle, Evariste Ndayishimye. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les lignes sont en train de bouger, dans un sens comme dans un autre, non sans susciter des réactions contrastées. Pour faire le point, faisons un petit détour sur certaines avancées à même de contribuer à l’amélioration du climat politique.
Au niveau interne pour commencer, il est un fait qui avait défrayé la chronique et entaché le pouvoir de Gitega : il s’agit ici de l’emprisonnement des journalistes d’Iwacu. Comme pour soigner son image, c’est le numéro un burundais qui a pris le soin de leur accorder la grâce présidentielle. Une décision vite exécutée et qui a fait gagner beaucoup de points à Gitega.
Au niveau médiatique, la réouverture de la radio Bonesha FM, le dialogue annoncé avec les autres médias détruits ou fermés depuis 2015 augure quelque chose de bon. Pourvu que ce processus soit inclusif et aille jusqu’au bout.
Toujours au niveau interne, si à un moment, l’intolérance politique avait pignon sur rue, il faut reconnaître qu’aujourd’hui, peu sont les cas relevés à travers tout le pays. Cependant, certains cas de résurgence de l’intolérance politique dans certaines provinces sont à regretter. Ce qui menace d’assombrir le climat politique qui était en train de s’éclaircir.
Sur le front diplomatique
Tentative de rapprochement avec le Rwanda, dialogue en cours avec l’UE, retrait du Burundi de l’agenda du conseil de sécurité des Nations-Unies, sur le plan diplomatique, Gitega n’a pas chômé.
En effet, depuis 2015, le Burundi et le Rwanda sont à couteaux tirés. Sur fond d’accusations réciproques, entre les deux faux jumeaux le courant ne passe pas. Ou plutôt ne passait pas. Mais depuis peu, les lignes bougent et le dialogue est amorcé. Difficile d’affirmer que c’en est l’une des conséquences, mais les Burundais réfugiés au Rwanda ont depuis commencé à rentrer.
Sur le même front diplomatique, entre Gitega et Bruxelles, l’ère semble être au dégel, ou plutôt à la tentative de dégel. Les deux parties ne le cachent pas d’ailleurs. Des discussions sont en cours pour tourner la page de 2015.
Ceci, faut-il le rappeler, intervient après que le Burundi ait été retiré de l’agenda des Nations-Unies. La nouvelle avait poussé les soutiens de Gitega à organiser une marche-manifestation, pour célébrer ce qu’ils considèrent comme une victoire diplomatique.
L’envers du décor
C’est incontestable. Des avancées comme on vient de le montrer sont là. Mais est-ce suffisant pour conclure que la crise de 2015 est derrière nous ? C’est selon. Parce que les vestiges de la crise subsistent. La plaie n’est pas encore cicatrisée. En témoigne, entre autres, la réticence de beaucoup de nos compatriotes réfugiés à l’extérieur à rentrer au bercail. En témoigne également le dialogue entre le gouvernement du Burundi et les acteurs politiques de l’opposition qui est au point mort depuis un moment.
Les vestiges de la crise, c’est aussi les récentes condamnations d’une bonne partie des acteurs politiques et de la société civile burundaise. Des condamnations qui nous rappellent que le passé récent n’est pas encore passé.