L’évidence est là, les cas positifs au Covid-19 pressent le pas à la vitesse d’un cheval au galop. Alors que le lavage des mains est un geste essentiel dans sa prévention, certains quartiers de Bujumbura connaissent une pénurie d’eau potable. Un croc-en-jambe dans la lutte du Covid-19.
Le Covid-19 avance plein pot. Avec 5 cas le 15 avril, ils se sont multipliés par 20 en seulement deux mois, avec 104 cas le 15 juin. Triste. Mais compréhensible, vu les facteurs de risque avec les récentes élections, et le relâchement des Burundais dans la mise en exécution des mesures préventives.
Eh oui, la prévention de cette pandémie nous impose des mesures hygiéniques strictes. Le lavage des mains par exemple. Une consigne maintes fois répétée. Sauf que dans certains quartiers des zones de la Mairie de Bujumbura, comme à Gihosha et Kamenge, une pénurie d’eau s’observe depuis au moins trois semaines. Comment vont-ils se laver régulièrement les mains comme le recommandent les autorités en ces temps de Covid-19 ?
L’eau, une denrée rare
Dans ces quartiers, il est plus facile de recevoir un verre de bière qu’un verre d’eau potable. « Il y a plus de trois semaines, plus une goutte d’eau ne sort des robinets. Avec quoi allons-nous nous laver les mains ? », confie un ami du quartier Gikungu à qui je rendais visite. Une pénurie d’eau qui limite le respect des mesures d’hygiène, faisant craindre une propagation du Covid-19.
« Avoir de l’eau est devenu un véritable casse-tête. Un bidon de 20 litres se vend actuellement à plus de 500 BIF, ce qui constitue un problème pour le Burundais lambda qui gagne difficilement son pain quotidien », se désole un habitant de Nyabagere, avant de renchérir que certains commencent à se rabattre sur l’eau impropre des marigots.
L’urgence du temps présent
Comment sensibiliser les gens à se laver les mains régulièrement, s’ils n’ont pas d’eau à leur disposition ? Telle est la grande question. Combien de temps ces personnes devront-elles encore attendre pour en bénéficier ? À part le Covid-19, il y a aussi les maladies des mains sales. Vont-ils se soigner où, vu qu’une étude faite en 2019 montrait que 32 % de structures de santé, au niveau national, n’ont pas accès à l’eau potable ?
La balle est dans le camp de la Regideso. Si la mise en place des gestes barrières comme le lavage des mains est au cœur des conseils au public, l’approvisionnement en eau potable doit être au cœur de l’action et des priorités gouvernementales.
Comme piste de solutions, il faut orienter le budget du ministère en charge, vers les forages de nouvelles sources d’eau, et augmenter la capacité de distribution de la Regideso vu que nous avons le deuxième lac le plus profond du monde. De surcroît, une politique de collectes et stockages des eaux pluviales, qui seront par la suite purifiées, devrait être développée pendant la saison des pluies, pour palier à la pénurie d’eau pendant la saison sèche.
La question d’eau potable est cruciale, car la bonne vie de la population en dépend. Et surtout, surtout, en cette période de Covid-19.