S’il y a une des mesures-barrières utilisées pour essayer de barrer la route au coronavirus qui a fait couler encre et salive, c’est le port de masques. Mais qu’en est-il au juste ? Dans quelles conditions sont-ils utilisés ? Quel type de masque ? Et au Burundi, où en est-on ?
D’emblée, rappelons, à toutes fins utiles, que le coronavirus est un virus respiratoire se transmettant par le biais de gouttelettes respiratoires expulsées par le nez ou par la bouche lorsqu’une personne malade tousse, éternue ou parle. C’est de là où se manifeste l’intérêt des masques. Et il en existe deux principaux types : les masques chirurgicaux et les masques dits de protection respiratoire. Les premiers, appelés aussi anti-projections, servent à retenir les gouttelettes ou les sécrétions des voies aériennes supérieures de celui qui porte le masque. Il est recommandé de les changer toutes les 4h s’ils sont portés en continu, mais comme ils sont à usage unique, il est recommandé de les jeter dès qu’ils sont mouillés ou endommagés.
Les masques dits de protection respiratoire eux sont classés en 3 catégories en fonction de leur degré de filtration: FFP1, FFP2 et FFP3 ; FFP pour Filtering face piece. Ils servent à protéger celui qui les porte contre l’inhalation d’agents infectieux qui se transmettent par voie aérienne. Ces masques peuvent être portés plusieurs heures d’affilées (jusqu’à 8h pour certains). Ce sont des masques jetables.
Et les masques en tissu ?
Appelés masque « maison », artisanaux ou encore « masques grand public », ils sont cousus à partir d’un tissu vestimentaire et ont une certaine efficacité dans la protection contre le coronavirus. C’est en empêchant la transmission par des gouttelettes et/ou par contact main-bouche. Ceci dès lors qu’on sait que des gouttelettes infectées peuvent se retrouver sur des objets ou des surfaces autour de la personne malade et si on touche ces objets ou ces surfaces et qu’on se touche ensuite les yeux, le nez ou la bouche, on peut contracter le virus. C’est pour cela qu’il faut se laver régulièrement les mains à l’eau et au savon ou avec une solution hydroalcoolique.
Ces masques en tissu ne doivent pas être portés pendant plus de 4h. Ils sont à laver le plus possible et à chaque fois que le masque est souillé. Et surtout attention aux masques avec une seule couche de tissu qui protègent moins que ceux en double ou triple couche recommandés normalement pour les masques « maison ».
Qui doit porter un masque ?
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le masque doit être utilisé dans deux cas : « Si vous êtes en bonne santé, vous ne devez utiliser un masque que si vous vous occupez d’une personne présumée infectée » et « si vous toussez ou éternuez ». L’OMS ne recommande donc pas le port du masque à grande échelle, mais laisse le choix aux autorités nationales d’en décider si besoin est dans le cadre de la Covid19.
Et au Burundi, « nous recommandons le port de masque pour trois catégories de population : le personnel de santé c’est-à-dire médecins, infirmiers, aides-soignants et autre personnel paramédical ; les personnes testées positives à la Covid19 ainsi que les cas suspects et personnes-contacts en quarantaine », fait savoir Dr Jean Bosco Girukwishaka, Porte-parole du Ministère de la Santé Publique. Ils vont porter les masques chirurgicaux et/ou ceux respirateurs type FFP2 ou FFP3, ajoute-t-il. Pour d’autres catégories, le choix est volontaire.
Ailleurs, depuis ce 11 mai, beaucoup de pays occidentaux ont autorisé le déconfinement, tout en exigeant à la population un respect rigoureux des mesures barrières avec un port obligatoire de masque qui s’est ajouté à la gamme des mesures déjà prise, pour éviter tout risque de récidive d’une forte propagation du virus. L’exemple de l’Amérique latine où le port de masque en tissu est devenu un moyen pour certains d’affirmer leur style ou de diffuser un message.
Une protection à double rôle
Le Burundi reste parmi les rares pays au monde qui n’ont pas adopté le confinement, une mesure qui provoquerait selon certaines analyses une forte crise sociale de laquelle le pays aura du mal à s’en sortir, sans oublier que la majorité des Burundais vivent au taux du jour.
Même si on continue à vaquer à nos activités quotidiennes, fréquentant les bars, églises, empruntant les bus pour se déplacer, et j’en passe, nous devons nous rappeler que le virus se transmet par voie aérienne (voie respiratoire) à travers des gouttelettes de salive expulsée par le malade mais également par un individu portant le virus sans présenter de signes (asymptomatique) ou par contact physique. Le directeur de la CDC accorde un taux de 25% au second cas.
Depuis le début de cette pandémie, le port de masque était réservé aux soignants et personnes touchées par le virus. Ce dimanche 17 mai, des experts de l’université de Hong Kong ont pu prouver à partir des essais réalisés sur des Hamsters que le port de masque généralisé réduirait considérablement la propagation du virus. Une mesure préventive qui protège à la fois l’entourage des gouttelettes émises lorsqu’on parle, tousse ou éternue, mais surtout le porteur du masque contre les projections de gouttelettes et les particules en suspension dans l’air. Déjà adopté dans pas mal de pays à travers le monde, reste chez Ntare Rushatsi.
Masque en tissu, une autre alternative
Pour éviter une évidente pénurie de masques chirurgicaux au sein des structures sanitaires, les masques en tissu, lavables et réutilisables sont mieux recommandés, surtout ceux en tissu 100% coton, pour en avoir un de qualité. Si non, il n’aura pas d’effet positif que d’exposer le porteur et son entourage.
Tout de même certains critères doivent être observés avant, pendant et après le port du masque pour veiller à son efficacité :
- Se laver les mains ou utiliser du gel hydro-alcoolique ;
- Enfiler le masque en le tenant uniquement par les élastiques ;
- Éviter de le porter à l’envers ;
- Pincer au niveau du nez, de façon à ce qu’il soit recouvert entièrement, et abaisser le masque en dessous du menton ;
- Ne pas le toucher pendant son usage ;
- Le retirer par les élastiques quand son usage est terminé ;
- Le conserver dans un sachet hermétique ;
- Éviter de le poser sur une surface qui n’aurait pas été préalablement désinfectée ;
- Se laver de nouveau les mains ou utiliser du gel hydro-alcoolique ;
- Le masque doit être bien lavé avant d’être réutilisé.
Afin d’éviter la buée pour les porteurs de lunette, pliez le bord supérieur du masque tout en veillant à ce qu’il continue à couvrir le nez et la bouche.
Et le Burundais lambda dans tout ça
Avec un taux de chômage fortement élevé, il sera difficile au Burundais lambda d’une localité X de s’en procurer à moins que cela figure parmi ses priorités. Sachant également qu’il faut au moins deux masques par mois pour une probable protection, alors que celui-ci coûte en moyenne 2000fbu/pièce. Qu’est-ce qui peut être fait ? En voici quelques pistes :
- Le gouvernement aidé par ses partenaires peut élaborer un projet de distribution de masque en tissu surtout aux plus démunis, accompagné d’une démonstration sur sa fabrication, son bon usage et sa conservation.
- Taxer les plus riches pour toujours trouver de moyens, afin de mobiliser un fond destiné à réduire considérablement le coût du masque et être facilement accessible.
- Les associations et/ou organisations peuvent mener une plaidoirie auprès des bailleurs pour un groupe de population ciblée.
- Une cotisation sociale serait nécessaire pour une mobilisation de fond envers une population ciblée.
La COVID-19 est bien réelle chez nous, nous devons unir nos forces (Ubumwe), œuvrer ensemble (Ibikorwa) afin de pouvoir la vaincre (Amajambere).
#StaySafe #StayHealthy