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La politique de la gratuité des soins est-elle vraiment profitable à tous ?

Au Burundi, en 2006, le gouvernement a adopté une politique de gratuité des soins ciblée aux accouchements et enfants de moins de cinq ans. Malheureusement, sans preuve d’identité, les enfants invisibles de moins de cinq ans se voient exclus. Témoignage.

Dernièrement, je suis allé me faire soigner à l’hôpital de Gitega. Comme la ligne d’attente était longue, je décidai d’aller m’asseoir, attendant mon tour avec les autres. Tout à coup surgit une jeune fille de presque la vingtaine, en pleurs. « Mon enfant est gravement malade et on a refusé de le soigner gratuitement parce que je n’ai pas son extrait d’acte de naissance. Je n’ai pas non plus d’argent pour le faire soigner. Le père de l’enfant et ma famille m’ont laissé tomber quand ma grossesse avait 6 mois, me disant qu’ils ne voulaient plus me revoir » dit-elle, visiblement désespérée. 

En effet, la politique de la gratuité des soins de santé pour les enfants de moins de cinq ans est claire à ce sujet. Elle exige l’acte de naissance pour se rassurer de la nationalité et de l’âge de l’enfant. Sans preuve d’identité, ces enfants se voient donc exclus.

Malheureusement…

Depuis 2012, le gouvernement avec l’appui de l’Unicef, a instauré des campagnes de sensibilisation d’enregistrement des enfants pour rétablir tous les enfants du Burundi dans leurs droits. Selon les chiffres du rapport d’enquête démographique de la Sante 2016-2017 sur le Burundi, 16% d’enfants de moins de cinq ans n’étaient pas enregistrés. Seul 84% étaient enregistrés. Cas d’illustration, la province de Kirundo à elle seule comptait 46% de non-enregistrés. Et parmi ces chiffres y figuraient ces enfants dits « bâtards ». 

Les questions ne manquent pas. Où réside le problème ? Comment alors prétendre que personne ne doit être oublié du développement (d’après le Plan National du Développement 2018-2027) si 16% d’enfants n’ont pas d’existence légale aux yeux du pays ?

Ce dernier a fourni des efforts considérables en faveur des enfants ces dernières années, notamment en abolissant les frais de scolarité et en décrétant la gratuité des soins pour les enfants de moins de cinq ans. Mais cet effort remarquable ne pourra être récompensé que si tous les enfants du Burundi peuvent en bénéficier.

Que faire pour relever ce défi ?

Jusqu’aujourd’hui, aucune politique efficace n’est mise en application pour apporter une solution à ce problème. Or, le gouvernement devrait prendre en main la question de ces enfants et penser à leurs avenirs. Selon les experts, le Burundi devrait faire des efforts en matière d’enregistrement des naissances. Comme l’a fait l’Ouganda par exemple, le Burundi devrait placer les services informatisés d’enregistrement dans les hôpitaux afin que les mères puissent faire enregistrer les naissances de leurs enfants juste après l’accouchement.

Cela revient alors à informatiser nos services de l’État-civil, parce que si les difficultés liées à l’enregistrement des naissances sont éradiquées, c’est évident que la politique de la gratuité des soins de santé pour les enfants de moins de cinq ans sera profitable à tous.

 

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