La pandémie de Covid-19 continue son « périple » dans le monde et a instillé craintes et peur partout, au point parfois d’en faire des victimes collatérales. Mais faut-il pour autant céder à la peur ?
Il y a quelques jours, une blogueuse nous partageait le calvaire que vivent les personnes testées positives au coronavirus et/ou leurs contacts. Là, c’était sans parler du parcours périlleux que font des malades suspects de Covid-19 pour avoir droit à une prise en charge. C’est ce qui est arrivé à Anitha, ou plutôt à sa grand-mère.
Présentant des symptômes un peu similaires à ceux du coronavirus ; fièvre, détresse respiratoire, asthénie…, cette mamie s’est rendue à divers structures de soins à Bujumbura et, « suspecte d’être atteinte de coronavirus », elle est décédée avant qu’elle ne soit efficacement prise en charge, tout en passant d’une structure à une autre. « Nous ne sommes pas un centre de prise en charge du Covid-19, c’est ce que nous expliquait le personnel soignant avant de nous orienter ailleurs », raconte Anitha. Finalement, un test effectué sur la patiente reviendra, en post mortem, négatif au coronavirus !
Au-delà de la peur
Loin de moi l’idée de minimiser la pandémie de coronavirus, mais il faut dire que le taux de mortalité lié au Covid-19 n’est pas des plus élevés, 287 336 décès en ce 12 mai 2020 pour 4 256 090 cas, soit un taux autour de 6 %, encore que là, il s’agit du taux de létalité des cas, celui de létalité de l’infection étant difficile à calculer mais se situerait entre 0,5 % et 0,94 %. Mais comme on dit, l’inconnu fait toujours peur.
Car il faut le dire, au début de la pandémie, on ne savait presque rien de ce nouveau venu dans le monde des virus. Mais actuellement si. On sait aussi par exemple que le virus affecte plus les plus fragiles : les personnes âgées et/ou des personnes avec d’autres pathologies sous-jacentes. Et on sait aussi qu’il se manifeste par des symptômes pouvant être rencontrés dans d’autres maladies. Attention donc aux « faux diagnostics présomptifs » ou, devrais-je dire, avant d’étiqueter quelqu’un de « Covid-19 » surtout avant le test, pensez aux diagnostics différentiels, pour parler médecine !
Il nous faut donc vaincre la peur du coronavirus ou du moins la transcender pour qu’il n’y ait plus de victime collatérale comme la grand-mère d’Anitha. Un malade du Covid-19 est avant tout un malade tout court, donc comme les autres.
C’est vrai que le virus est hyper contagieux, mais il ne fait pas autant de victimes que d’autres pathologies, que d’ailleurs nous prenons parfois le soin de minimiser. Une neuropsychologue menait d’ailleurs une réflexion à propos de ce « grand paradoxe » comme elle l’appelle, en rappelant que 17,7 millions de décès sont imputables aux maladies cardio-vasculaires, soit 31% de la mortalité mondiale totale, et première cause de mortalité au monde.
« Pourtant, on ne panique pas à l’idée de devoir rapidement et radicalement modifier nos modes de vie ou les méthodes de management qui favorisent du stress, la malbouffe et le manque d’activité physique indirectement », écrit l’auteure sophrologue, pour ne donner qu’un exemple.
Que faire ?
« L’Homme réagit quand les choses le touchent de près et dans l’instant », nous dit la psychologue. Il nous faut donc revenir aux fondamentaux de toute lutte contre une maladie, fut-elle le Covid-19 : le respect des recommandations des médecins, la responsabilité de ces derniers, la disponibilisation, dans la manière du possible, d’un plateau technique suffisant pour permettre aux professionnels de santé d’avoir les mains libres dans la prise en charge des patients, et surtout la coordination de tous les efforts orientés vers un même but.
Et en fin de compte, faisons à ce que « la santé ne devienne pas un objet de communication belliqueuse et de conflit comme un autre, alors qu’elle devrait être une cause ultime de lutte dans le rassemblement », comme le redoutait un médecin français en mars dernier.