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L’indépendance du Burundi : un processus loin d’être unanime

Après la colonisation allemande et belge, vous n’êtes pas sans savoir que le Burundi accède à son indépendance au début des années 60. Mais alors pourquoi et dans quelles conditions, ce processus de recouvrement d’indépendance a-t-il lieu ? Un débat entre jeunes a tenté de répondre à cette question. 

Il faut le dire d’emblée, avant la colonisation, le Burundi était un pays indépendant des centaines d’années durant. Ce n’est qu’en 1903 avec la signature du traité de Kiganda que le pays de Mwezi perdra son indépendance en dépit de l’opposition des Burundais dès le début de l’invasion allemande. Résultat, après l’échec de la résistance, le Burundi est soumis. C’est ce que note l’historien Émile Mworoha, qui ajoute qu’avec la colonisation, le développement restait à désirer. D’où ce besoin d’en découdre avec les colonisateurs.

Et à Serges Havyarimana résident à Cankuzo de souligner que la colonisation est venue gâcher l’harmonie du Burundi d’antan. La recherche de l’indépendance, c’était donc pour recouvrer l’honneur perdu. C’était aussi pour se faire respecter. 

Pour Yvette Kaneza, elle aussi de Cankuzo, en plus d’un besoin de respect et recouvrer sa dignité. Ce sont des Burundais qui n’étaient plus libres, qui étaient battus à la chicotte et soumis aux travaux forcés qui n’en pouvaient plus et qui se lèveront pour réclamer l’indépendance. 

Ildefonse Manirakiza lui pointe du doigt le caractère divisionniste des colons. Et pour lui, si ces derniers avaient été là pour le développement, leur présence n’aurait pas posé de problème. 

Le « zana amagi zana amasoro » (amène des œufs et du lait) ne pouvait plus durer pour Anicet Niyonkuru qui trouve par ailleurs que cette recherche pour l’indépendance est venue un peu tardivement. 

Mais Jean Baptiste Ntungwanayo a une idée un peu nuancée. Si les Burundais avaient la soif de revivre la belle époque d’avant la colonisation, c’est que ce mouvement de recouvrement d’indépendance s’inscrivait dans une lutte partagée par beaucoup d’autres pays colonisés. 

Et Émile Mworoha d’ajouter que cette lutte pour l’indépendance s’inscrivait dans un contexte international qui le permettait. En l’occurrence, la deuxième guerre mondiale qui verra deux super puissances (USA, URSS) mener  une politique anti-colonisation. De même que l’ONU qui exigera la même chose surtout pour des pays sous tutelle. 

Divergences 

Toutefois, cette quête d’indépendance n’était pas unanime. Des positions  divergentes ne manqueront pas de se manifester. Aline Munyakigongwe, elle aussi de Cankuzo nous l’explique brièvement : « Les Burundais étaient divisés à l’idée de recouvrer l’indépendance. Cela était dû au fait qu’il y avait des gens qui bénéficiaient de la colonisation. Des gens qui avaient été privilégiés par la colonisation ou qui en profitaient »

C’est aussi ce que pensent Christian Uwimana et Yvette Muhimpundu. Pour elles, si la majorité des Burundais étaient pro-indépendance, il y a une autre partie défavorable à cette idée. Ces divergences étaient dues aux intérêts des uns et des autres. 

Et Jean Marie de nuancer un tout petit peu. Ces divergences concernaient principalement la famille royale. Cela sur fond de l’opportunité ou non de l’indépendance. Des pro indépendance immédiate et des pro-indépendance tardive. 

Mais au final, conclut Mworoha, c’est le camp pro indépendance immédiate à la tête duquel se trouvait Rwagasore qui finira par avoir raison du camp adverse (le PDC ou le front Commun) malgré les manœuvres des colonisateurs pour retarder l’indépendance. C’est par exemple cette tentative de diviser les Burundais sur le plan ethnique, ou ce conflit Bezi Batare qui se retrouvera ressuscité. On y reviendra. 

 

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