Dans la ville de Bujumbura, certaines méthodes préventives ont été prises contre le Covid-19. Partout, des seaux qui ne passent pas inaperçus. Mais certaines pratiques qui ne sont pas visibles au premier regard, peuvent aggraver la propagation de ce virus.
Ce matin-là, je me réveille tôt le matin. Comme tant d’autres jours, je prends ma voiture vers la destination de là où je travaille. Très concentré, je prête attention à la route, avec les embouteillages matinaux, ce n’est pas nécessaire de vous faire un dessin.
D’un coup, le son d’un sifflet retentit dans mes oreilles, je jette un coup d’œil à travers la vitre relevée et je vois un agent de roulage s’adresser à moi et me faire un signe de m’arrêter. Bienvenue le moment que chaque conducteur veut à tout prix éviter mais qu’y faire ? On doit se soumettre aux ordres, en plus, je suis parmi ces citoyens qui comprennent que ça fait partie de leur travail, même si entre nous et à voix basse, nous savons que c’est loin d’être un moment de gloire.
Je me juge irréprochable et je m’arrête sur le bas-côté. Le policier fait son contrôle routier. Au moment d’allumer les phares, oh mince ! L’un des deux ne fonctionne pas ; il faut croire que ce n’est pas mon jour de chance. À cause des embouteillages, déjà en retard, je n’ai pas à réfléchir deux fois pour me sortir de cette mauvaise passe : dans la paume de ma main, je froisse un billet et je le tends à l’agent qui le prend à son tour pour le mettre dans sa poche et moi, je continue ma route.
Résister à la tentation
Après quelques minutes, un détail me fait tiquer. Entre moi, le conducteur et lui, l’agent de roulage, et si l’un de nous deux était atteint du Covid-19 ? À voir la fréquence de ce manège, imaginons le nombre de conducteurs ou de policiers qui seront contaminés, puisque tout le monde ne se balade pas avec un gel hydroalcoolique dans sa voiture. D’ailleurs il faut voir aussi si les policiers en ont sur eux ou s’ils se lavent les mains chaque fois après avoir « contrôlé » quelqu’un.
En temps normal, la corruption est un délit, autant pour celui qui la donne que celui que la reçoit. Mais actuellement, elle peut aussi être fatale parce que le Covid-19 peut en profiter pour se propager. Mais ma réflexion ne s’arrête pas qu’à la passation des billets. Même lors du contrôle des documents, les policiers doivent soit se munir de gants, soit se laver les mains après chaque contrôle, ou carrément ne pas prendre en main lesdits documents et les consulter à distance.
Dans tous les cas, le Covid-19 nous impose de nouvelles règles, qui, si nous les suivons, peuvent nous sauver, mais qui, si nous les ignorons, engagent la vie de plusieurs personnes. Et quand on sait qu’un policier a juré de protéger le citoyen…