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POLITIQUE

Burundi : Mutaga Mbikije, cet autre roi victime du « divide et impera »

Si dans notre précèdent article, on parlait de l’occupant allemand revalorisant Mwezi Gisabo. L’histoire montre qu’après la mort de ce dernier, la monarchie burundaise revivra ses mauvais jours. Entre les querelles à la cour royale et la politique du divide  et impera, c’est un Mutaga Mbikije, successeur de Mwezi, qui aura du mal à s’imposer. 

En 1908, la mort Mwezi Gisabo et sa succession difficile favorise le retour de l’emprise allemande absolue sur le Burundi, du moins sur le plan administratif. Ceci après une sorte d’accalmie en faveur de la royauté décidée par Von Grawert lorsqu’il restaure l’autorité de Mwezi. 

En effet, la période 1909-1915 pour être précis, correspond à des changements importants dans le protectorat allemand qu’était le Burundi. Il y a surtout la mort de Mwezi le 21 août 1908 qui laissera le pays souffrir des divisions régnant à la cour du jeune Mutaga Mbikije. 

La royauté dans la tourmente

À la suite de la mort de Mwezi Gisabo, les rivalités liées à sa succession tournent autour de deux personnages : la reine Ririkumutima et le puissant fils de Mwezi Gisabo, le nommé Ntarugera. Et pendant cette période de minorité de Mutaga (il avait 15 ans quand il monta au pouvoir), le pays sera confronté à une dégradation temporaire de l’autorité royale. Résultat, au nord-est, les chefs Busokoza, Mbanzabugabo (les mêmes qui avaient été mis hors d’état de nuire par Von Grawert) et Rusengo profitèrent de la faiblesse royale pour se déclarer de nouveau indépendants. 

La situation deviendra des plus volatiles au point de conduire l’occupant allemand à avouer son incapacité à restaurer l’autorité du jeune roi et à privilégier les chefferies plutôt que le pouvoir central.

Concrètement, éclaire l’universitaire et historien Emile Mworoha, les Allemands renoncent à assujettir les chefferies au roi. Au contraire, ils adoptent une politique visant l’affaiblissement de l’autorité royale, ignorant par là le caractère original et unitaire de la royauté burundaise. 

Ainsi, explique Mworoha, Mutaga se trouve placé au rang des autres chefs. D’ailleurs, le colonisateur allemand cessera de le soutenir contre ses rivaux, ce qui ne sera pas sans affecter sa puissance. C’est aussi le même occupant allemand qui donnera une injonction aux résidents sur les rapports qui devaient exister entre eux et les chefs, y compris le roi. Des rapports qui devraient être caractérisés par la persuasion; les pouvoirs judiciaires et les redevances coutumières étant les seules prérogatives laissées au roi. 

Le divide et impera en action 

Un peu comme la perpétuation de la politique de diviser pour mieux régner, les rapports entre les chefs et le roi seront scrutés à la loupe. Emile Mworoha fait savoir que l’occupant allemand distinguera les chefs indépendants (tels Busokoza, Mbanzabugabo, Kajibwami, fils de Kilima), les chefs traditionnellement fidèles au roi et enfin les chefs plus ou moins indépendants  et gagnés à la cause allemande. 

Cette distinction, elle était de nature à limiter de plus en plus le pouvoir du jeune Mutaga. D’ailleurs, c’est aussi Mworoha qui l’explique, lorsqu’en février 1910 un chef fidèle à Mutaga envahit le territoire de Kajibwami (le fils de Kilima), Wintegen, un certain lieutenant allemand fut déployé pour le défendre. 

Toujours est-il qu’en janvier 1911, Kilima, ce rebelle qui avait été exilé  reviendra avec la bénédiction des Allemands. Dans ce qui sera perçu comme un acte d’hostilité au roi et qui devait aggraver son mécontentement et affaiblir son prestige, il sera réinstallé sur un domaine du Nord-Mugamba. 

Calcul politique 

Pour Emile Mworoha, tout ce mépris du roi, c’était du calcul politique qu’autre chose. Un calcul motivé par la peur de voir le roi devenir puissant à l’ombre de l’administration allemande. Une peur qui s’expliquerait aussi par la crainte de réédition des déboires subis au cours années 1905-1907 dans le sud-ouest africain mais surtout dans le centre de l’Ostafrika lors du soulèvement Mayi-mayi en Tanzanie actuelle. Des soulèvements violents qui avaient montré la profondeur des mécontentements chez les peuples indigènes.

 

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